15.10.12

Jour 472.

Encore un dimanche soir inoubliable. Encore une de ces soirées parfaites qui va me faire regretter Montréal. J'aurais passé un an à compter les jours depuis mon départ. A l'endroit. Et depuis plus d'un mois, je me suis mis à les compte à l'envers. Plus que... Plus que..  Jusqu'à mon retour en France.

Des soirées comme celle-ci, il ne m'en reste plus beaucoup. Encore quelques jours, quelques semaines et il n'y en aura plus du tout. Plus de karaoké le dimanche soir à chanter à tue tête et à se déhancher. Mais je vais perdre tellement plus. Perdre tout ce que j'ai construit. Perdre tout ce qui a fait de moi ce que je suis aujourd'hui. Perdre mes habitudes, mes amis, ma vie. Perdre Montréal. Je vais me perdre. Ca fait mal rien que d'y penser...

Encore un dimanche soir inoubliable qui me permet de me rendre compte que j'ai vécu des choses formidables en plus d'un an. Je repense à mon arrivée. Un moi timide, hésitant et quelque peu effrayé par ce voyage. Cette version presque vierge de moi qui n'avait rien fait de sa vie. Un moi à des milliers d'années du moi que je suis devenu. Un moi plus curieux, plus aventureux et plus désireux. Quelqu'un de plus fort. De plus confiant, qui sait que les choses sont possibles si on s'en donne la chance, la possibilité et si, finalement, on y croit.

J'ai pas souvent pensé à ce qu'allait être ma vie de retour à Paris. Pas souvent... jusqu'à maintenant. Y penser devient une évidence car la date butoire approche à grand pas. Et c'est pas forcément joli à voir. Bien sur, retrouver mes proches, ma famille, mes amis m'enchante et me ravit car j'ai hâte. Mais il va aussi falloir que je refasse ma vie avec ce que j'ai appris dans une ville qui elle, n'aura probablement pas changé. Le retour va être dur. J'en ai conscience. Tant mieux, je me dis.

Mais en ce dimanche soir inoubliable, je ne veux pas penser au pire. Je veux me dire que la vie est belle comme elle est. Je veux me concentrer sur les bons moments, profiter de mes derniers instants sans (trop) penser à l'avenir. Me dire que la vie est ainsi, que je retrouverai un jour Montreal. Ne pas considérer mon départ comme une fin. Plutôt comme une nouveau chapitre. Une nouvelle aventure. Me dire que que des aventures, j'en aurai tout plein d'autres. Dont certaines seront faites de karaoké le dimanche soir, à chanter à tue-tête et à se déhancher. Je le sais.

11.10.12

Previously On "Le Journal De Caribou John"...

Voilà un mois que je suis rentré de mon Road Trip dans l'ouest. Oui, je sais, j'aurais pu/du vous raconter tout ça plus tôt mais le retour + les retrouvailles avec les amis + la flemme (autant le dire) = vaut mieux quand même tard que jamais!

Pour rappel ou pour ceux qui apprennent que oui, je suis parti sur la route pendant 2 mois (et donc non, je ne me suis pas enfermé dans une grotte), je suis parti le 18 juillet dernier avec J. direction Creston, un petit village tout au sud du BC (comprenez Colombie Britannique). Nelson, Banff, Jasper, Whitehorse, Anchorage, Juneau, Vancouver (pour ne citer qu'elles) et 2 mois plus tard, je suis revenu à Montréal le 10 septembre, après un petit week end rapide à Toronto (c'était presque sur la route...). 3 jours de bus aller. 3 jours de bus retour. Le reste en voiture avec A. et V., le cul rivé sur le fauteuil arrière gauche. Un road trip, le vrai de vrai!

A chaque fois qu'on me demande comment était l'aventure, je réponds toujours que c'était bien (évidemment que ça l'était), tout en ayant une certaine retenue. Oui, je vous avoue, c'est quand même difficile de résumer 2 mois de road trip en 2 minutes. Alors "C'était cool!" avec un grand sourire passe très bien. Mais je me suis finalement rendu compte qu'il était difficile de raconter ce genre de choses. Déjà la lassitude de devoir répondre à la même question à chaque rencontre fait que... Mais c'est surtout, comment voulez-vous raconter 2 mois de votre vie à quelqu'un d'autre? 10 jours sur l'île de Malte ou 2 semaines chez papy/mamie en Normandie à la rigueur mais 2 mois sur la route ? De un, vous ne savez pas par où commencer car de deux, vous avez quand même peur de faire chier votre interlocuteur. "C'était cool!".

Mais plutôt que vous raconter tout en détail et de vous confectionner un petit diaporama tout mignon, tout joli, (tout chiant) de derrière les fagots, voici une petite vidéo qui résumera bien ce fameux été dans l'ouest et surtout l'esprit. Nous avons passé 2 mois à faire ce que nous appelons la Danse de la crevette, née d'une soirée arrosée à Tadoussac. Devenue symbole de notre amitié, on ne pouvait pas passer à côté de l'occasion de l'inaugurer pendant notre road trip.



Cependant, ne vous inquiétez pas. J'ai tenu lors du voyage un petit carnet jour par jour avec nos aventures. Dans les semaines à venir et à l'aide d'un bon scanner, je vous ferai partager mes péripéties. Quand il y en a plus, il y en a encore. Stay tuned !

29.6.12

Speak White.

Un poème qu'un ami m'a fait découvrir. Pour comprendre ce qu'était le Québec il y a de ça 50 ans : un territoire contrôlé par des entreprises anglophones, où le gouvernement favorisait le travail au dépit de l'éducation. Un Joyau mal taillé. Un poème trésor, signé Michèle Lalonde.


Jour 365.

Voilà, nous y sommes. Aujourd'hui, cela fait 1 an que je suis à Montréal. Et je peux vous dire qu'un an ca passe à la vitesse de l'éclair. J'en parlais avec Angie, ma colocataire l'autre soir. On se remémorait notre première rencontre, le nouvel an, certains week-ends et autres événements. Un an. Déjà.

La fin d'une aventure mais le début d'une autre. J'ai reçu cette semaine mon visa touriste que j'attendais avec impatience. Avec la préparation de notre semaine à Tadoussac pour aller voir les baleines, la fin de mon experience chez Juliette & Chocolat et quelques autres points à régler comme notre grandiose soirée de dépendaison de crémaillère, la semaine à été assez mouvementée.

Et à partir de maintenant, on à va compter les jours jusqu'au départ à l'ouest. J-20!

(Ca ne se sent pas à l'écran comme ça mais en écrivant "J-20", j'ai fais un énorme "Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii!" dans ma tête. Oui, je ne pouvais pas le faire en vrai, je suis à la bibliothèque...)

19.6.12

Jour 354.

Ca y'est, c'est bientôt la fin. La fin de mon visa. La fin de ma vie à Montréal. Enfin pas totalement parce  que j'essaye de prolonger un peu le plaisir avec l'été. Ma demande de visa touriste envoyée, je n'ai plus qu'à croiser les doigts pour l'avoir. Vous n'imaginez pas le stress total! J'ai pas envie que mon année ici se termine comme ça. "Rentre chez toi!".

Parce que mon été va être magique.
Parce que mon été sera encore une chose que je garderai en mémoire.
Avant de rentrer.

Et ce souvenir à un prix. Pour le moment il s'élève à 140$! Le prix de mon billet de bus direction l'ouest du pays. Presque 3 jours de bus pour atterrir à Creston en Colombie Britannique, petite ville du côté de Calgary et à la frontière américaine. Premier arrêt avec mon amie Joannie pour aller cueillir des fruits, se faire une peu d'argent et attendre que mes colocs Angy et Vince arrivent en voiture pour les rejoindre. Direction ensuite Banff, Jasper, le Yukon et l'Alaska avant de redescendre sur Vancouver. Le road trip au sens propre du terme. L'accomplissement de mon année ici. Vous n'imaginez pas l'excitation totale!




Et c'est en préparant ce voyage que j'ai remarqué que l'Homme avait besoin de concrétiser les choses pour les accepter. Un voyage à l'ouest, vous vous en doutez bien, ça ne se fait pas en 3 heures, hop, hop, on va là, là et là, on se casse tel jour et pouf padoum, le tour est joué! Il faut se mettre d'accord, planifier un minimum le trajet tout en laissant un maximum de liberté. Mais tout cela reste assez abstrait. Alors il faut de quoi le rendre plus réel. En fonction du projet, le début de la concrétisation se fait de façon différente. Pour notre part avec Joannie, la première chose qu'on a faite a été d'acheter.... un couteau suisse. Moi et couteau suisse.... Vous n'imaginez pas le décalage total!


S'en sont suivis les problèmes de tente que finalement, la mère de Joannie nous offre gentiment en plus des sacs de couchage qu'elle nous prête, l'achat d'une lampe de poche, d'une assiette, de couverts, d'un tapis de sol... et bien évidemment du ticket de bus. Question concrétisation, on a un atteint un level assez haut pour se dire "Oh merde, dans un mois on part...".


Ha oui parce que... "Oh merde, dans un mois on part..."!


Vous n'imaginez pas la joie totale!
















Reste plus qu'à avoir mon visa, hein...

2.6.12

Hôte, qu'est ce que c'est?

Je ne pense pas vous avoir déjà parlé de mon travail. Hôte. Là où je travaille, Juliette & Chocolat, l'hôte reçoit les clients, les place ou les redirige vers le bar pour les commandes à emporter, et s'assure que chaque client assis aie un verre toujours rempli d'eau. Cela incluant bien sûr le nettoyage des tables. En soi, sur le papier, ca peut paraître simple mais gérez des clients compliqués ainsi qu'une salle complète n'est pas de tout repos. Mais plus que tout, le travail d'hôte est un point de vue sur le comportement humain. Et il y aurait beaucoup de choses à dire!

Il est par exemple drôle de voir que tous les produits électroniques sont irremmediablement attirés par l'eau. Entendez par là que la plupart des gens ont tendance à placer leurs téléphones juste à côté de leurs verres sur la table. Alors bien évidemment, quand moi hôte, j'arrive pour servir de l'eau, il est tout aussi drôle de voir 9 personnes sur 10 enlever son téléphone d'un geste rapide. Peur primitive de voir son téléphone mouillé, comme si nous ne savions pas servir un verre d'eau. Bien sûr...

Le plus étrange quand vous vous dirigez vers une table pour servir de l'eau, c'est l'effet qu'a la vue de la carafe sur les gens. Dès que le client vous voit vous approcher, il y a comme certains déclenchements. Comme par exemple celui de boire. Comme le hoquet communicatif, la vue d'une carafe d'eau donne soif. Ce qui bien sûr, si nous voulons bien faire notre travail, nous incite à attendre que le client repose son verre pour le remplir. Et puis il y a ceux qui vont avoir l'automatisme de vous tendre leur verre d'eau pour que vous le remplissiez. Si seulement la plupart des personnes pouvaient regarder leur verre avant de nous le tendre. Vous n'imaginez pas le nombre de fois que j'ai eu envie de dire "Excusez-moi mais... Vous voulez que je remplisse quoi dans votre verre? Il est déjà plein!".

Les client vont aussi avoir un comportement différent en présence d'un hôte vis-à-vis de leur accompagnants. Ainsi, certains vont tout simplement s'arrêter de parler. Moment gênant pour nous, vous vous en doutez. Mais tellement drôle. A l'inverse, d'autres vont continuer comme si vous n'étiez pas là. Malgré votre bras au milieu de leur champs de vision pour remplir les verres. Je n'ai jamais su si cette non-considération de notre présence était une bonne ou une mauvaise chose... Enfin, mais plus occasionnellement, il a certains clients qui vont changer de langue pour continuer à discuter. Car oui, cela m'est déjà arrivé! Deux jeunes français, discutant à coups de "Tu sais que she did that?!" ou de "Et elle m'a dit "I can't believe it", you know..." qui vont se mettre à ne parler qu'anglais entre eux en ma présence. Car nous, hôtes, ne comprenons bien évidemment par l'anglais. Bien sûr...

Mais la palme d'or du comportement revient au client qui pense que l'hôte est contorsioniste. C'est dans notre formation. Faire des courbes et des pas chassés pour atteindre les verres d'eau vides à l'autre bout de la table tandis que le client reste impassible devant nos efforts. Alors au lieu de me faire un lumbago, j'ai opté depuis peu pour la solution du fixe-le-client-dans-les-yeux-et-demande-lui-s'il-veut-de-l'eau, un regard significatif qui dit tout simplement "si tu veux de l'eau mon coco, va falloir bouger ton bout de gras pour me rapprocher ton verre".

Faites donc attention à comment vous vous comportez au restaurant car, sans que vous le sachiez, des gens vous épient. Maintenant, vous êtes prévenus.

P.S : Arrêtez de faire des boulettes avec vos serviettes, par pitié! Si vous vous ennuyez lors de votre repas, faites quelque chose de plus constructif ou rentrez chez vous !

1.6.12

Jours 332-333.

Escapades en dehors de Montréal. Pour un enfant de la banlieue comme moi, il était presque vital pour voir de voir à quoi ressemblait celle de la grande ville québécoise.

15 minutes de métro.
30 minutes de bus.
40 minutes de marche.
Bienvenue à Charlemagne. Juste de l'autre côté du Saint-Laurent, au bout de la pointe de l'île. Petite ville sans grande histoire hormis son nom ("Qui a eu cette idée folle, un jour, d'inventer l'école...?") et une chanteuse locale, très peu connue, qui y a vu le jour. Une certaine Céline Dion dont la maison familiale fait figure de monument touristique tandis qu'une sphère de métal et de fleur rend hommage à la chanteuse  (enfin, une sphère est censée rendre hommage à la chanteuse. A l'heure où je vous parle, le rond point qui accueille la sculpture est totalement rasé).

30 minutes de marche.
Bienvenue à Repentigny (ou Repen pour les intimes). Banlieue riche où il n'y a rien à faire, comme dans à peu près toutes les banlieues, disons-le. Comme quoi, une banlieue reste une banlieue.



Le lendemain, retour sur mes traces. Direction Pointe-aux-Trembles. Quartier de la ville au bout de l'île. Je suis invité à passer la fin de l'après midi chez la famille Desrosiers. Et plus précisément chez les grands parents de mon amie Joannie. Une rencontre touchante. Vraiment. Difficile de rencontrer des personnes aussi simples qu'eux. Le coeur sur la main, des souvenirs en pagaille et les bras grands ouverts. Je me suis même surpris à me sentir un peu comme chez ma propre grand-mère. Ecouter cette dame me parler d'une ancienne maison de famille sur une île. La voir si proche de son mari malheureusement malade, de ses fils et de ses petits enfants. Rajoutez à ça une maison entretenue au millimètre près, dans un quartier où les pavillons se ressemblent tous, tel une scène d'un film et vous obtenez une excellente après-midi passée auprès de gens vrais. Et ça fait du bien. On se dit qu'il suffit d'un rien pour être heureux. Que la vie est longue. Qu'on a encore beaucoup de choses à vivre. Et on souhaite du fond du coeur de se retrouver comme les grands-parents de Joannie, à leur âge, heureux de profiter des derniers instants qu'il leur reste ensemble. Les yeux pleins d'amour...

4.5.12

Jour 310.

Oh mon dieu! Cela fait presque un mois que je n'ai pas mis à jour ce blog. Un mois pendant lequel mes parents sont venus. Pendant lequel j'ai passé la barre fatidique des 300 jours. Laissez moi deux secondes, je tente de reprendre une respiration normale...






Ok, je pense que ça va mieux là...






Pour ceux d'entre vous qui lisent régulièrement ce blog (si régularité il y a), vous aurez remarquer qu'au fur et à mesure des mois, le blog s'est peu à peu changer en journal intime plus qu'en réel blog pour vous raconter mes aventures. Ca peut presque paraître logique en fait. Après avoir (presque) tout vu de la ville, qu'est ce que je pourrais vous raconter d'autre hormis mes sentiments, déboires et autres questionnements ? Parce qu'en fin de compte, un voyage comme ça vous rend plus fragile. Comme si la moindre émotion devenait un torrent. Un torrent que vous essayez de contenir à chaque instant. Une fragilité que vous apprivoisez. Je suis encore loin du dompteur professionnel et je m'améliore.

Bon ok, j'ai encore des progrès à faire. Je repense à ce jour que j'ai passé avec un jeune homme incroyable et à ce moment où, jouant à Vérité ou Conséquence (Action ou Vérité, vous aurez compris...), j'ai pleuré. Comme une merde. "Qu'est ce que tu as laissé derrière toi en France?". J'ai pas pu me retenir en répondant honnêtement à la question. Même 10 mois après mon départ, je pleure encore en pensant à tous ceux que j'ai quitté. Je crois que je pourrais jamais oublier les pleurs de A. et M. sortant de la voiture qui me raccompagnait chez moi après notre dernière soirée ensemble. A V. à qui j'ai dis au revoir dans une rame de métro avant d'aller au travail. Enfin bref, je vous disais : encore des progrès à faire. Mais surtout, je vous laisse imaginer la gêne que j'avais vis à vis de ce jeune homme qui ne s'attendait pas à ça. En y réfléchissant, c'est plutôt comique...

Mais par exemple, je n'ai pas pleuré quand mes parents sont partis! J'ai passé deux semaines avec eux, à leur faire visiter presque tous les jours une partie de la ville. Ils m'auront même ramené à Quebec city pour une viste guidée des plus instructive (de ce que je me souviens. Je dormais à chaque trajet en bus...). Montréal n'aura pas été leur coup de coeur mais je pense que la ville leur a plu en fin de compte. C'était deux bonnes semaines. Des débuts plutôt hésitants, à reprendre ses marques. Mais tout s'est bien passé. Et quand le dernier jour est venu, je me suis senti comme soulagé. Non pas parce qu'ils partaient. Parce que je pense avoir réussi à leur faire comprendre ô combien j'avais changé. Pour la première fois, j'ai réussi à dire ce que j'avais sur le coeur. Et j'ai vu dans le regard de ma mère une espèce de fierté vis à vis de ça. Je ne pense pas tout savoir de la vie mais je suis désormais sur que je veux vivre ma vie à ma façon. Et puis je les revois dans quelques mois. Le plus gros du trajet est fait. On ne compte plus les jours qui m'éloignent de mon départ mais plutôt ceux qui me rapprochent de mon retour.

Et pour moi c'est un peu le début de la fin. Malheureusement. D'ici quelques mois, je quitterai tout ce qui m'entoure pour un retour à la case départ. Alors je veux profiter au maximum de mes derniers mois. Un road trip en préparation. Des amis que je veux chérir. Des tonnes de choses à faire et à voir. Je veux tout. Je ne veux pas rentrer avec des regrets. Je ne veux pas penser au fait que tous ceux que je connais ici vont peu à peu partir. Les uns après les autres. 310 jours de pur bonheur et encore au moins 120 de plus à vivre. A FOND !

11.4.12

Jour 287.

Belle Montréal,
Reine d'amour te fait sentir paria,
Toi que Cupidon
n'a pas voulu bénir.

Allez comprendre comment fonctionne cette ville mais il vous sera rare de trouver une personne célibataire ici. De quoi vous sentir à votre aise, vous qui n'avez pas eu de contact physique intime depuis des mois. Cette sensation amère. Se sentir tel un pestiféré devant tant de couples. Comme s'il était normal et commun d'être en couple et propriétaires d'un appartement... à 22 ans! Nous sommes d'accord. Le choc est là. Tout est précoce. Tout se vit tôt. Trop tôt peut-être? Je n'aurais jamais la réponse. Tandis que dans cet amas d'amoureux, une simple rupture ou un célibat de longue durée est consideré comme un acte de barbarie. A côté de ça, un avortement dans les années 50 passerait presque pour un geste anodin. Vous en arrivez à un tel point que chaque approche est faussée. A quoi bon, la personne en face de vous doit probablement être en couple... Une pensée devenue automatique. Tristesse. Il ne vous reste plus rien. Pourtant vous auriez tant aimer. Vous attendez alors. Vous attendez le jour où peut-être, vous quitterez la classe des hypo-sentimentaux.

Anorexie sentimentale.
Boulimie alimentaire.

Tout est dit. Tout est là.

Sans transition, mes parents arrivent demain et je dois vous avouer que le stress se fait sentir. Neuf mois que je ne les ai pas vus. Neuf moi que je me suis habitué aux "Allo! Comment ça va?". La distance bienfaisante se brisera demain quand leur avion atterrira. Plus que quelques heures....

Jour 282.

C'est aussi ça, Montréal.

Jour 275.

En tant que touriste au Quebec, il y a 3 mots à retenir. 3 mots qui symbolisent presque à eux seuls toute une gastronomie. Bien loin de la gastronomie française, on s'entend, mais gastronomie quand même. 3 mots qui ont tendance à mettre en émois des centaines de personnes quand le printemps pointe le bout de son nez. 3 mots.

Cabane. A. Sucre.

Des cabanes à sucres il y en a des centaines à travers toutes la region. De nombreux temples voués à la bouffe et à l'érable. Activité incontournable pour plonger dans le meilleur de la culture québécoise. Non sans risque (on a quand même frôlé un diabète de type 1 en un repas).

Rendez-vous 10h. Départ 10h30. C'est parti pour 45 minutes de trajet à travers la Montégérie, direction une cabane à sucre appelée La Branche à St Isidore. Arrivée à 12h. Le Quebec et son adoration pour les rénovations et autres travaux sur la route...



La Branche est en fait une petite ferme aménagée telle une usine pour recevoir les clients. Tout y est fait pour manger de l'érable à tout va. Tire d'érable à l'accueil, suivie d'une dégustation de cidres et autres spécialités à la pomme pour ensuite être conduit à notre table. Découverte des spécialités, le tout à volonté.




Bonjour, je coûte 140$.


22.3.12

Jour 267.

Mon aventure au Canada n'aurait pas été complète si je n'avais pas testé le système médical local. On m'avait pourtant prévenu avant de venir : "Tu feras en sortes de ne jamais tomber malade au Canada". Par contre, je préfère vous prévenir tout de suite : les mots qui vont être utilisés après peuvent choquer la sensibilité des plus pauvres.

Problème de santé signalé : des champignons aux orteils.

(Note pour plus-tard : faire TRES attention aux flaques d'eau en plein hiver. Si par hasard, vous êtes amenés à mettre les 2 pieds dans de l'eau par -10°C dehors, faites sécher vos pieds au plus vite et arrêtez de vous dire "ça va sécher en marchant". Ça ne sèche PAS!)

Trois mois après, je décide (enfin) de me rendre dans une clinique médicale. N'ayant pas de carte d'assurance maladie, je me prépare à devoir tout payer. Je suis motivé à bloc. J'y vais avec quelques histoires d'amis qui sont allés dans une autre clinique. En résumé : "120$ la consultation + 3 heures d'attentes". Je suis motivé à bloc.

Réveil : 8:30.
Arrivée à la clinique : 10:00.
Salle d'attente : 15min.

"Vous n'avez pas de carte d'assurance maladie ? La consultation sera de 80$ et uniquement en cash."

Je suis motivé à bloc. Je viens d'économiser 40$!

Sortie pour aller chercher l'argent à la banque : 10min.
Retour à la clinique. Salle d'attente : 5 min.
Rendez-vous avec le docteur : 15min.

"Vous avez bien des champignons. Je vous prescris un médicament qu'il faudra mettre dessus. Mais je vous préviens, c'est un médicament qui est très cher. Si vous étiez venu plus tôt, le traitement aurait duré seulement 3 mois. Là je vous donne une ordonnance pour un traitement de 6 mois. Chaque flacon de médicament dure 3 mois."

OK. Motivé à bloc un peu moins vu que la consultation est terminée. Et encore un peu moins suite à cette mise en garde.

Direction la pharmacie. Dans le bâtiment, en face de l'accueil.
Achat des médicaments : 10min.

"Vous savez comment cela fonctionne ? Alors il s'agit d'un vernis qu'il faudra mettre sur vos orteils par cycle de 7 jours... (bla bla bla). Par contre, c'est un médicament qui est très cher..."

Très cher. Très cher. Je savais que le système médical canadien était onéreux mais de là à prévenir les patients. Motivation plus du tout à bloc. Je me prépare à dépenser 50$ pour un médicament!

"Alors cela vous fera un total de 140$."

Motivation anéantie. Anéantie par un flacon de vernis à ongles transparent de 12gr au prix exorbitant de 140$. Qu'il faudra repayer dans 3 mois.

Sortie du bâtiment : 10:55.
Compte en banque : -220$, dépensés en même pas une heure.
Niveau de motivation : a peu près égal, -200%.

Heureusement qu'il est obligatoire de prendre une assurance maladie pour venir au Canada. J'attends avec impatience le remboursement!

Jour 263.

Tout comme Halloween, la Saint Patrick est, contrairement à chez nous, une immense fête en Amérique du nord. Un défilé est organisé tous les ans. Celui de Montréal étant l'un des plus grands du continent. Histoire de faire un petit retour aux sources pour ma part. Tous de vert vêtus, cornemuses, fanfares et chars de leprechauns, le tout sous un soleil radieux (22°C en plein mois de mars, c'est assez rare pour la région).

Saint Patrick.







... Ou comment vivre sans internet.

Il est assez marrant de voir qu'il est dur de vivre sans internet. Se rendre compte qu'on est programmé et habitué à vivre branché. Même si mademoiselle la coloc' un peu hippie vous dit "Moi je peux vivre sans internet sans problème". Elle y arrive. En allant tous les 2 jours à la bibliothèque pour voir ses mails, son Facebook, etc. "Moi je peux vivre sans internet sans problème" qu'elle disait.

Dans ces moments de grande frustration (disons-le) et de galère sans nom, on tente par tous les moyens de se débrouiller. Parce que vous vous dites qu'acheter un abonnement internet + les taxes + les frais d'ouverture de ligne + les frais d'installation + le prix du routeur, le tout pour 4 mois, ça n'a aucun intérêt. Vous êtes radin, et tout le monde ferait pareil. Plusieurs solutions s'offrent à vous :

1/ Le café du coin :

Vous trouvez ça plutôt cool d'aller vous poser dans un Starbucks ou un Second Cup, avec votre thé glacé ou votre café en main. Et puis 4$ c'est pas grand chose pour un café. Vous avez l'impression de vous fondre dans la masse. De faire partie du peuple. Et puis un jour, le réseau internet ne fonctionne pas très bien. Du moins, pas sur votre ordinateur. Vous ne comprenez pas et au bout d'une heure vous abandonnez. Et vous enragez d'avoir acheter un café à 4$ pour rien. 4$ c'est quand beaucoup !

2/ La bibliothèque :

Vous décidez un jour de suivre Mademoiselle la coloc hippie à la bibliothèque. Elle a une carte gratuite, son copain aussi mais vous la prête. Vous souriez parce que vous n'avez jamais vraiment mis les pieds dans une bibliothèque. Vous vous installez dans un fauteuil confortable, ordinateur sur les genoux et tout fonctionne à merveille. Jusqu'au moment où mademoiselle la coloc vous apprend que vous n'avez que 2 heures d'internet. Dans votre tête vous vous exclamez "QUOI ? QUE DEUX HEURES ?" mais on est dans une bibliothèque alors vous gardez ça pour vous. Et c'est bien là le problème. Vous gardez tout pour vous. Pas une parole. Uniquement le bruit des touches de tous les claviers de la salle. Et comme vous avez oublier de prendre vos écouteurs, vous devenez devant tant de silence.

3/ Les amis :

A force de vouloir à tout prix un internet, vous en devenait un peu ridicule. A la moindre sortie ou rencontre avec des amis, la question "Est-ce que je peux prendre mon ordi?" est automatique. Quitte à pourrir un peu l'ambiance. Tandis qu'au fur et a mesure, vous n'avez plus à demander, ce sont vos amis qui vous disent d'eux-mêmes "Tiens, n'hésite pas à passer si tu veux aller sur internet." avant de terminer par un "Sauf si c'est pour tes téléchargements!". Car oui, ici, les forfaits internet ne sont pas illimités, comprenant ainsi les uploads et les downloads. Ca pour le coup, c'est ridicule !

4/ La solution d'appoint :

Parce qu'il y en a toujours une. La mienne s'appelle Linksys. Oui, parce qu'on essaye toujours de trouver un Wifi quelque part. On essaye. Et par miracle on trouve un reseau non sécurisé. Linksys par exemple. Par contre, ne vous emballez pas, Linksys n'est vraiment pas fiable du tout. Vous allez en passer du temps coller contre votre fenêtre des toilettes avec votre téléphone intelligent (C'est le meilleur spot pour capter Linksys). Vous allez en passer des soirées à vous tirer les cheveux que votre navigateur internet veuille bien daigner recharger la page qu'il a réussi à charger en 1 minute 2 minutes auparavant. Mais malgré tout, vous l'aimez bien Linksys. Parce qu'il vous procure la satisfaction d'entendre votre colocataire s'exclamer, des paillettes dans les yeux "Ha! tu captes toi?!"

"Moi je peux vivre sans internet sans problème."

7.3.12

Jour 250.

Vite obtenu, aussi vite perdu.

Lundi 05/03 : 
10:07


Arrivée au travail. 7 minutes de retard.

"Vous ne pouvez pas faire ça. Venir en retard comme ça. Il y en a un de vous deux qui sera coupé à 13:00."

13:30


"Je peux vous voir tous les deux?"
"Oui"
"Je vais vous renvoyer chez vous pour la journée. Je ne peux pas m'occuper de vous aujourd'hui, Brian (le commercial) non plus et moi je ne fais que courir. Il va falloir que vous appreniez à être autonome. Donc déloguez vous et je vous appelle vers 18:00. Redonnez-moi vos numéros de téléphone."


18:00


Pas d'appel.
Ma collègue E. décide de contacter une personne qu'elle connait un peu dans la société pour obtenir le numéro du boss. Je ne veux pas être là quand elle le fera.

21:40


Premier appel d'E.
La personne contactée va s'adresser directement au boss, voir ce qu'il en est.

21:50


Deuxième appel d'E.
"Il m'a dit que je pouvais revenir demain mais que je ne ferais plus de web. Et il m'a dit de te dire de... ne pas venir demain. Je suis désolé. Apparemment il n'avait pas ton numéro."

22:06


Mail reçu.

"Jonathan,

Nous allons arrêter notre collaboration, car nous recherchons plus un web designer.
Je te souhaite bonne chance dans tes recherches.
Ton salaire sera disponible ce jeudi a 5 pm.

Bien a toi,
Eric" 

22:14

Ma réponse.

"Éric,

J'ai deja eu l'information. Par E.
Je passerai jeudi pour prendre mon chèque et te rendre ta clef.

Jonathan"

Jour 241.

Samedi soir. Nuit Blanche. On est dehors pour une bonne partie de la nuit, donc.

Une balade de manchots très médiatisée qui durera à tout casser 30 secondes.
Une partie de Super Mario avec une manette géante, Y. aux déplacements et moi aux sauts.
Une virée au Musée d'Art Contemporain pour 3 artistes dont Ghada Amer, très bonne surprise.
Une session Hip-Hop lors de battle de danse quitte à se croire dans un film.
Un arrêt en pleine rue pour taper sur des tambours histoire de réveiller les artistes qui sommeillent en nous.
Un plongeon dans la culture japonaise avec des mangas, des sushis qui ne viendront jamais et des centaines de jeunes déguisés.

Une soirée des plus éclectiques et interessantes. Parce que même la nuit, Montréal fascine.

2.3.12

Panne momentanée d'internet...

Un changement de logement induit forcément quelques changements d'habitudes. Une nouvelle chambre. Une nouvelle douche. Une nouvelle façon de vivre. Et apprendre à vivre sans internet. L'avantage de payer un loyer pas cher tout inclus... sauf internet.

Malgré tout, je suis encore vivant. Ne vous inquiétez pas.

Suite au prochain épisode.

21.2.12

Jour 237.

Samedi 18/02, message Facebook de Tim :

"Ca vient de paraître sur Kijiji ^^".

Offre d'emploi : 

Qui sommes nous ?
- Entreprise de personnalisation spécialisée dans les t-shirts, stickers muraux, cartes d’affaires 
- Située à Montréal dans le quartier du MileEnd
- Chiffre d’affaires de 3 millions CAD
- Ventes dans le monde entier (Canada, Australie, Europe, Etats-Unis)
- Une entreprise jeune et dynamique qui vous offre des perspectives d’avenir

Nous Recherchons un(e) graphiste pour notre site web

www.wordans.com.

Moitie de votre temps sera consacre a aider notre equipe de artwork et l'autre moitie sera de realiser des bannieres web et des designs de t shirts qui seront vendus sur wordans.com.

Envoyez nous votre CV et Portfolio



Envoi de ma candidature dimanche 19/02.


Lundi 20/02,10:00, coup de téléphone :
"Hello, i'd like to speak with Jonathan..."


Rendez-vous pris pour 14:30 le même jour.
14:30 : arrivée au rendez-vous.
14h44 : fin du rendez vous.
15 minutes d'entretien en anglais. 
"I call you tomorrow afternoon to give you my answer..."


Mardi 21/02,9:45, coup de téléphone :
"Bonjour, je m'appelle Arthur. J'aimerais parler à Jonathan..."


Rendez-vous pris pour 14:30 le même jour. Encore. Mais cette fois-ci avec le président.

14:30 : arrivée au rendez-vous.
14h35 : fin du rendez vous.


"Je veux bien t'embaucher. Tu commences demain à 9h. Si tu travailles sur Mac, ramènes ton ordinateur. C'est 11$ de l'heure, le premier mois. Je t'envoie un mail de confirmation. Merci, à demain Jonathan."


Message mail :



Bonjour Jonathan,
Je vous confirme vous embauche pour demain matin : 
40 heures par semaine a 11$ de l'heure.
1 semaine de vacance par an.

Bien a vous,
Eric


Stress au point maximum. C'est aussi ça, Montréal.

19.2.12

Jour 233.

Depuis le temps, vous avez compris que Montréal était la ville des choses improbables. Les soirées improbables. Les événements improbables. Les rencontres improbables. Les sorties improbables.

Ce soir là, rendez-vous chez Blandine à 18h30. Arrivée 18h40. A peine arrivé qu'on repart de suite. "Le bus est dans 8 minutes à Papineau. Où sont Paul et Flora ?" C'est la course mais on arrive à prendre le bus de justesse. Et 20 minutes plus tard, nous voilà arrivés à destination. Le Taz. Lieu d'entraînement pour sport de guerrier tels que le BMX, le roller ou autre. Ce soir, Montréal affronte Boston. Un match au sommet. Un match de Roller Derby.

Le Roller Derby c'est un peu comme le sport dont tout le monde a déjà entendu parlé, que tout le monde aimerait voir en vrai dont personne ne connait réellement les règles. Y compris moi. Deux sessions de 30 minutes à voir des femmes équipées de la tête aux pieds et perchées sur des rollers à tourner en rond. Vous expliquer les règles prendraient vraiment trop de temps, sachant que moi-même, je ne les ai pas toutes assimilées. "Mais il veut dire quoi l'arbitre en bougeant les bras comme ça?". Au bout de 30 minutes, j'ai deviné la réponse. J'étais plutôt fier de moi. Et plus le match avançait, plus les joueuses étaient fatiguées. Cela se ressentait. Dans leur vitesse. Dans leurs chutes. Et tout le monde aime les chutes.

Au final, l'équipe de Montréal a gagné. La foule en délire n'a pas cessé de crier à chaque point marqué. Foule composée à 85% de filles. Le Roller Derby c'est un sport de filles, supportées par des filles. Toute cette progestérone. Et comme une chose ne vient jamais seule ici, la soirée s'est poursuivie au Royal Phoenix, bar sponsor du match. Car la copropriétaire fait partie de l'équipe de Montréal aka Val Desjardins. Notre héroine à tous. Et Montréal offre la possibilité de sortir sans payer. Si on s'organise un minimum. La vie, la vraie, en somme.

Et je vous laisse avec ce petit extrait du match. Histoire de constater le chaos totalement maitrisé de ce sport. On y retourne le mois prochain!

14.2.12

Jour 229.

Aujourd'hui, signature de mon tout premier bail. Je change de colocation à partir du mois prochain. Bon ok, je ne suis pas encore devenu un homme pour autant mais ca fait quand même quelque chose. Signer un bail. Ca fait quand même partie des étapes d'une vie... Enfin je crois. Même si c'est pour 4 mois. Un bail reste un bail.

Et puis c'est l'occasion de faire un bilan. De refaire un bilan, plutôt. Encore un. Comme si je n'en faisais pas déjà assez...

C'est toujours un peu désagréable de le faire pourtant. Devoir se manger dans la face ce qui se passe dans votre vie. Devoir se rendre compte que son temps est compté. Car ma vie n'est certes pas en danger (normalement) mais mon retour en France est de plus en plus d'actualité. Mon visa expire dans 4 mois et pour le moment je n'ai toujours pas trouvé d'emploi. Pas que je m'en soucie plus que ça. J'apprends doucement à vivre avec ce qui vient à moi. A apprécier. Je rassure tout de suite mes parents : "Oui, je vais me trouver un emploi". Et je rajoute "Ne vous inquiétez pas pour moi, je ne vais pas me laisser à l'abandon non plus...". De toute façon il va falloir que je trouve un job si je veux payer mon loyer. Mais comme dans une relation amoureuse qui s'approche doucement de la fin (et je parle en connaissance de cause), on apprend à profiter de chaque moment. Parce que finalement je ne sais pas encore où je serai dans 4 mois. Ici. En France. Ailleurs. Je n'en ai aucune idée. Alors plutôt que de faire des plans dans tous les sens comme j'ai pu en faire au début de mon aventure, je préfère savourer. On verra en temps voulu. Profiter c'est aussi laisser une place à la surprise. Je ne veux pas gâcher ce visa qui m'a été offert. Jusqu'au bout.

De toute façon, cela fait deja un bon bout de temps que je sais que je m'accomplirai professionnellement sur le tard. Il y a les winners qui, sortis de leur études, trouvent un job ou montent leur boîte. Tout leur sourit et tant mieux pour eux. Et puis il y a les personnes qui galèrent pendant un certain temps et qui, passé la trentaine, se révèlent. Après avoir atteint une certaine maturité. L'âge d'or. Et je pense en faire partie. Et puis c'est pas plus mal. J'accepte cette espèce de condition humaine, ce "karma" en me disant que les choses sont ainsi faites pour une bonne raison. La mienne étant, je pense, que j'ai encore beaucoup de chose à découvrir. Je m'imagine comme une énorme éponge. J'emmagasine tout ce que je vois, ce que je vis et je sais qu'un jour, tout cela me servira. Je le sais.

Alors comme je ne sais pas ce que la vie me réserve, des fois, je m'imagine devoir quitter mes amis ici pour retrouver mes miens en France. Ne plus voir le visage de tous ces gens qui auront fait de cette année un souvenir inoubliable. Mais alors autant j'aurais pu être triste il y a de ça quelque temps, autant aujourd'hui, je me sens plus serein. Relativiser permet de mieux apprécier. Si je dois rentrer en France, qu'il en soit ainsi. Mais je pourrais au moins dire que j'ai passé une fucking de putain d'année (langage de jeune, pardonnez moi). Car je ne regrette en rien ce qui s'est passé. Les gens que j'ai rencontrés et qui sont devenus de réels amis. Les mecs, insignifiants ou non, qui ont croisé mon chemin. Les soirées, les folies. Tout ça aura contribué à ce que je suis devenu aujourd'hui. J'aurais jamais pensé pouvoir faire tout ça. Et tout est passé tellement vite! J'ai parfois du mal à m'en rendre compte moi-même tellement je sens une différence entre celui que je suis et celui que j'étais.  Et puis quand même, j'ai signé mon premier bail, c'est pas rien!

Et puis imaginer devoir mes amis ici, c'est aussi et surtout imaginer retrouver ceux que j'ai laissés. Ces personnes qui m'ont vu partir. Je ne sais pas pas vraiment à quoi vont ressembler les retrouvailles (heureuses, j'espère) mais une chose est sûre : il va être difficile de reprendre la vie comme je l'avais laissée. Parce qu'en fait, j'en ai pas vraiment envie. Il n'y a là aucun intérêt. Alors bien sûr, on va reprendre quelques habitudes, les blagues et les souvenirs seront toujours là mais aujourd'hui, comme je vous disais, j'ai changé. J'ai mûri. Plus vraiment le même en étant toujours un peu le même. Je vois les relations d'un autre oeil désormais. A apprendre à se gérer seul, on apprend surtout à se détacher un peu plus des autres. Avant, j'étais du genre à vouloir du "tout-tout de suite". Dès que je rencontrais quelqu'un avec qui le feeling passait bien, ça ressemblait à du "Je te trouve trop sympa / Je veux te voir tous les jours / Je te confie tout / Donne moi ton amitié". En substance. Scénario effrayant. Et scénario inverse en cas de déception. Et là, des psychologues diraient que cela est en grande partie dû au fait qu'ayant été privé d'affection amoureuse pendant une grande partie de ma vie, je me suis concentré sur mes relations amicales, exprimant ainsi le manque, bla bla bla bla... Foncièrement, faut pas avoir fait 8 ans d'études en psychologie pour comprendre ça. Les québécois m'auraient donc appris à me détacher un peu plus? La notion d'amitié n'est pas proportionnelle au nombre de fois qu'on se voit. Et ne se dégrade pas au moindre conflit. Se détacher de ses amis pour mieux les apprécier? Moi qui critiquais les québécois jadis d'être autant independent, égoiste à vivre l'instant présent, n'auraient-ils pas finalement raison ? Je n'ai pas la réponse. Je sais en tout cas que je me réjouis de retrouver mes amis si je dois rentrer en France et que ce retour serait en fait plus comme un nouveau départ. Les mêmes protagonistes mais pas de la même façon.

Tout ça vaut aussi pour les relations amoureuses. A passer des années seul, on se met en tête de se trouver quelqu'un absolument. Ca en devient une obsession. Dès qu'on en rencontre une avec qui ca pourrait fonctionner, on s'imagine des tonnes de choses. Et on est le plus souvent déçu. Les habitudes se perdent bien évidemment quand on est en couple et reviennent subitement au premier jour de célibat, tel un herpès qu'on a pas vu venir. J'ai consacré 7 mois de mon visa à ça : quelle perte de temps et d'énergie surtout! Je n'ai recolté que des dents cassées, quelques pleurs, pas mal de remise en question et pour quoi? Des mecs que je ne reverrai probablement pas. Et il y a de ça 3 semaines à peu près, une goutte a fait déborder le vase. La sentence a été sans appel : je fais un trait sur ma vie sentimentale pour un moment. Plus de site de rencontre. Je me coupe de tout ce qui pourrait me faire rencontrer des mecs potentiels. La meilleure décision que j'ai prise de ma vie (après être venu au Canada). Parce que ce trait n'est finalement pas une rayure mais plutôt un changement d'optique. Tout comme pour les amis, il faut apprendre à se détacher des gens qu'on rencontre. Ne pas être focalisé. Je n'ai jamais passé de meilleures soirées depuis que je ne suis pas en train de zieuter à tous les coins de salle s'il n'y a pas quelqu'un de mignon, d'interessant.

"Tiens, le mec là il me regarde. Ca veut dire que je lui plais? Qu'est ce que je fais? Je vais faire semblant de me rapprocher pour danser à côté de lui et on va voir ce qui se passe... Ha zut il ne me regarde plus. Il me trouve moche. J'ai été bête de quoi que... ".

Rien que de repenser à ça, j'ai envie de me mettre une claque! Profiter de l'instant et laisser les choses venir. Les québécois savent le faire. Ne pas faire de plan sur la comète quand un mec danse avec vous et vous embrasse. Savourer l'instant, le fait qu'on plait. C'est tout. Et puis si vous êtes amené à revoir le mec en question, voir ce qui se passe sans se mettre martel en tête de conclure sur le champs. Peut-être que tout ce que j'écris dis vous parle. Ou non. Ce que je veux simplement vous dire c'est que ce voyage a probablement été la meilleure chose qui me soit arrivée. Il n'est pas encore terminé que j'en ressors déjà grandi. J'ai atteint mon but. "Pourquoi tu as décidé de venir au Canada?" - "J'avais besoin de changer de vie, de voir du monde et de grandir". Voilà ce que je répondais à cette question récurrente. Mission accomplie donc.

Finalement, refaire un bilan n'est pas forcément une mauvaise chose. Mon constat actuel n'est pas si mal. En revanche, l'ironie dans tout ça, c'est que j'ai signé un bail pour un appartement rue Beaudry, là où j'étais au tout début de mon aventure. Retour case départ. Une espèce de boucle bouclée. La vie et son drôle d'humour...

7.2.12

Jours 220 - 221.

Depuis 7 mois je ne vous parle que de Montréal. Montréal, Montréal, Montréal et un peu de New York. Alors pour un week-end, j'ai décidé de changer un peu d'air, direction la capitale du Québec : Québec. Pour plus de compréhension, on dira Québec City parce que "je vais aller à Québec au Québec", ca devient redondant, hein maman.

Vendredi, 1:00, veille du départ, la voiture de Jo nous lache. Elle a décidé que sa pompe à eau était trop encombrante alors elle l'a fait exploser. Pratique. Et après une très courte nuit, on arrive quand même à partir le samedi matin. Cinq dans une voiture, pendant 3 heures et moi qui dort pendant la moitié du trajet.

Arrivée à Québec City et première impression : c'est tout mignon. Il suffit de quelques pas en ville pour ressentir tout de suite les influences anglaises et françaises. Rue pavées, maisons anciennes. Les calèches en rajoutent aussi un peu. Le tout au bord du Saint-Laurent en partie gelé pour l'occasion.


La ville n'est pas très grande donc quelques heures suffisent pour en faire le tour tandis que la nuit tombe et rend la ville encore plus jolie.



Le week end ne s'arrête pas là et dimanche on décide de laisser la ville pour le plein air. Direction le village vacances Valcartier. Sorte de parc d'attractions ouvert toute l'année proposant des activités en fonction de la saison. Tandis qu'en été, c'est tuyaux et piscines à gogo, en hiver, le parc nous propose des descentes en bouées sur pistes enneigées. Autant vous dire qu'on devient vite fou. Regression totale. Toute la journée à descendre des pentes aux noms aussi équivoques que Himalaya ou Everest pour une bonne dose de sensations fortes. Le tout dans un décor plutôt impressionnant de nature.


Trois chutes, quelques bleus et un nombre indéfinissable de fois les genoux au sol, on rentre à Montréal, ravi de notre week-end, épuisés et en début de maladie. Et pendant ce temps-là, on se plaint en France de quelques flocons de neige. Non mais où va le monde?!


29.1.12

Jour 214.

Fin d'une semaine assez chargée.

Lundi/Mardi : 
J'ai refais mon CV à la québécoise. C'est fou ce que c'est compliqué de devoir raconter toute sa vie sur deux pages, le tout, sans photo. Appelez-moi "PVTiste n° 2609JB86FR". Et pour se "récompenser", on va danser la samba pendant une heure, avec Angy, Delphine et Cindy. "Genoux fléchis, le cul en arrière." Je me suis senti méga brésilienne...

Mercredi :
Je me lance dans l'envoi de ces fameux CVs. Je me poste à mon ordinateur, je regarde les annonces, et là, c'est la panique. Mon visage se décompose. La motivation s'envole en un millième de seconde et je sens le sol s'effondrer sous mes pieds. Comment postuler à des offres d'emploi quand on se sent déconnecté du monde qui nous entoure? Trois ans que je n'ai pas fait de graphisme dans un cadre professionnel, tandis que je souhaite me rediriger vers la rédaction. Je me mets dans la tête de mes parents lisant ces quelques lignes et je les entends déjà dire : "Lui, il nous aura tout fait!!". Je me rassure en me disant que c'est de famille...

Jeudi :
Bah, on essaye quand même. On essaye. C'est fou ce qu'une journée peut passer vite. C'est fou ce que la procrastination est facile. Malgré tout, on garde le sourire, direction une autre édition de l'Igloofest avec Angy et Jo. Et rencontre avec A. A., c'est un bout de 24 ans, rencontré jadis sur Twitter, de passage à Montréal pour le travail. Une rencontre. La première. Très interessante. Et on commence la visite avec le Royal Phoenix, bar lesbien dans le Mil End. On y retrouve Blan et deux de ses colocs. La soirée s'annonce tranquille et se terminera vers 6h, chez moi, après un "goûter" nocturne. (Dur de trouver de l'alcool après 23h alors on se rabat sur ce qu'on trouve...).

Vendredi :
On réussit ENFIN à envoyer des mails. 5 et je suis plutôt satisfait. J'use de mes "talents" de rédacteur pour écrire de jolis mails. Ou comment tenter de raconter des choses intéressantes sur soi, en brassant un léger vent sans trop forcer sur la pommade. Tout un art. Alors guilleret, on va dîner chez la copine Blan. La copine et ses colocs. Pour ensuite atterrir au Blizzarts. Bar Hip Hop, branché et bondé. Du plaisir. A. refait son entrée et les premiers signes de fatigue commencent à pointer le bout de leurs nez. A. ne tient plus le rythme et nous autres quittons l'ambiance feutrée Hip Hop pour l'atmosphère plus hardcore de la Casa Del Paupolo et son DJ métaleux. Angy et Jo y sont depuis une heure et en ont mal aux crânes. Dur de se mettre dans le bain mais on rigole, on mange des nachos et je tente de ne pas torp cogiter. Le début des emmerdes.

Samedi :
"On se couche, on est une merde. On se réveille, on est toujours une merde". J'aurais pu citer un grand poète mais j'ai préféré être moi-même auteur de cette phrase qui décrit parfaitement mon état d'esprit. Et dans ces cas là, niveau productivité, on carbure par du tout. Légume devant l'ordinateur, on attend que les heures passent. Ce soir, il faut se faire un peu beau. A. nous a invités, Blan, P. son coloc et moi à voir le spectacle de danse pour lequel il travaille. Bout de 24 ans est Tour Manager. Première fois que j'assiste à un spectacle de danse contemporaine. Impressionnant. Vraiment. Et après une petite heure dans la peau d'un VIP (A. et ses privilèges, vous savez...), on s'envole pour le Salon Officiel. Si le Blizzarts était bondé, le Salon Officiel l'était à craquer. Musique des 80's et beautiful people. Un petit paradis sur Terre tandis que les signes de fatigue s'invitent aussi à la partie. La fatigue et mon cerveau totalement détraqué. Je quitte la soirée prématurément. Pas forcément une bonne façon de dire aurevoir à A. qui s'en allait vers d'autres destinations pour sa tournée. Me que voulez-vous ? Une année de théâtre ne suffit définitivement pas pour être un bon acteur. Je m'en veux.

Dimanche :
"On se couche, on est une merde. On se réveille, on est toujours une merde. On se recouche, on est encore plus une merde. On se reréveille, on est plus rien". Et le pire dans tout ça, c'est qu'on arrive même pas à pleurer. On est comme vidé de son âme. Une promenade de trois heures permet de vider un peu l'esprit. Le shopping aurait aussi pu aider mais sans argent et sans envie, mission impossible. Et au détour d'une chanson sur l'ipod, on lâche 3 larmes. Enfin ! (Merci Rihanna et son Farewell). Un Mc Donald et un film plus tard, il est presque 23h et mon esprit s'est enfin calmé. L'effet thérapeutique de l'écriture.

Ce voyage aura décidément réussi à me retirer toute confiance et estime que j'avais en moi, la situation actuelle étant propice (les 3 "Pas" : Pas d'argent, Pas de travail, Pas d'amour). Mais finalement, c'est pas un peu ça qu'on cherche quand on décide de s'exiler à l'autre bout du monde, seul. Tout détruire pour mieux rebâtir ? Bon je vous avoue que pour le moment, je ne sais pas encore ce que je vais bâtir...

Fin d'une semaine assez chargée. 

Début de la prochaine. 

Jour 205.

Imaginez : Une foule en délire, habillée en doudoune, bonnets, gants et grosses bottes. Une foule prête à danser dehors, toute la nuit, sur de la musique electro de qualité. Voilà comment on pourrait résumer l'idée de l'Igloofest. Un festival de musique electro. Une espèce de boîte de nuit à ciel ouvert pendant 3 week ends. Histoire de se réchauffer pendant les froides nuit d'hiver. Constatez.


Souvenir de Californie.



27.1.12

Jours 193 - 202 : La Californie.

Welcome To San Fran.

Le port.

30 Millions D'amis. Part 1.

Fisherman's Wharf.

30 Millions D'amis. Part 2.

La plage de San Francisco.

Sunset & Golden Gate Bridge.

SF by night.

Alamo Square.

Haights.

30 Millions D'amis. Part 3.

Castro. Harvey, c'est pour toi.

Passage à l'université de Berkeley.

Lake Tahoe by night.

Lake Tahoe par Emerald Bay.

"Keep Tahoe Blue". 
Lake Tahoe sur la rive Est.

Welcome to Yosemite Bug Hostel. Et bonne nuit...

30 Millions D'amis. Part 4

Yosemite Park.

Au sommet des Vernal Falls. 2 heures de randonnée.


Au sommet des Yosemite Falls, plus grandes chutes d'Amérique du nord. 6 heures de randonnée.

30 Millions D'amis. Part 5.

Welcome to Santa Cruz.

La plage de Santa Cruz.

Sunset at Santa Cruz.

Welcome back to San Francisco & Japantown.

SF :  City Of Art.


Life is Imaginary.

I promise. One day, I'll come back. I Love You San Francisco.