6.9.11

Vente trottoir sur l'avenue Mont-Royale.

Jours 62 - 65

Quand on a la possibilité de voyager à travers un pays aussi vaste que le Canada, on ne se prive pas. Manquerait plus que ça! Et vu ce que ce dernier a à offrir, chaque déplacement, billet de bus ou kilomètre en voiture se transforme en réelle aventure. Pour notre plaisir.

Alors quand j'ai décidé de quitter Montréal quelques jours pour aller visiter Toronto, je ne vous explique pas mon enthousiasme. Bon d'accord, il n'était pas très palpable le mercredi matin, quand il a fallu que je me lève à 7h30. Ça allait un peu mieux dans le bus mais ce n'était pas encore tout à fait ça. Il faut quand même savoir s'occuper pendant 6h30. Mais dès les premiers aperçus de la ville, au loin, ce fameux enthousiasme revient. Et il ne cesse de grandir au fur et à mesure qu'on s'approche de la cité ontarienne. Dès la descente du bus, on se retrouve directement plongé au cœur de la ville. Des gratte-ciels à perte de vue. Tout est grand. Peuplé. Magique. Tellement magique que je ne veux pas perdre une seule seconde. Il est 16H45 et je dois rejoindre mon amie Laura vers 18H30. Copine d'école supérieur, elle m'héberge gentiment pour 3 nuits et vit avec son chéri, Kevin, tout à l'est de la ville, à 5 minutes des plages de Toronto. Car oui, pour ceux qui ne le savaient pas : il y a des plages à Toronto. Des vraies, avec du sable, de l'eau (le Lac Ontario), les gens qui courent et tout le reste. Des plages. Avant donc de découvrir ces fameuses plages, je m'engouffre dans les rues de ce paradis urbain. Et là, je la vois. Impossible de la rater. Tellement belle. Magnifique. Je veux la voir de plus près. Érigée tel un symbole. Un repère. Je veux bien sûr parler de la CN Tower. (Encore plus belle de nuit).


Je savoure chaque rue, chaque immeuble que je vois, malgré mon sac de 15 kilos sur le dos et une température extérieure très accueillante. L'hôtel de ville. La gare centrale. Les immeubles modernes côtoient des bâtiments anciens. De véritables châteaux, symboles des influences anglaises et françaises. Arrivé sur Queen Street (la plus grande rue de la ville, qui coupe d'est en ouest), je me dirige vers l'est pour aller aux plages. Dans un élan de motivation hors du commun, je décide de le faire à pieds. Erreur. Il m'aura fallu presque 2 heures pour arriver chez Laura. Toujours avec le sac de 15 kilos sur le dos (pour rappel). Mais au moins, cela m'aura permis de découvrir quelques quartiers de la ville, l'east-Toronto étant surtout résidentiel. De nombreuses boutiques occupent les trottoirs de la rue et il est marrant de voir les différents quartiers traversés. Du centre d'affaire à un quartier plus pauvre, suivis de quelques blocs plus fashion et hype puis une petite ville dans la ville pour arriver au quartier des plages qui ressemble à s'y méprendre à un centre de balnéothérapie normand. J'arrive chez Laura exténué mais ravi d'avoir finalement pris cette décision. La journée se terminera sur la plage, de nuit, en compagnie de Laura et Kevin. Sensation très agréable d'être les pieds dans le sable alors qu'on aperçoit au loin la CN Tower.

Deuxième journée et je ne perds pas de temps. REN-TA-BI-LI-TE! Je quitte l'appartement vers 11h30 et je me dirige vers le nord pour découvrir Little India. Et je découvre que la ville est réellement immense. Je me perds un peu dans les grandes rues quand soudain la pluie pointe son nez. Mais c'est pas ça qui va m'arrêter. J'aurais pu continuer ma route en transports en commun mais ne connaissant pas les lignes de bus, je ne préfère pas prendre le risque. Quant au métro ? Autant vous dire que la RATP m'a manqué. Il s'agit du réseau de transport souterrain le plus mal fichu que je connaisse (même Rennes à côté, c'est New York). Il existe 3 lignes, placées à des endroits très peu pratiques alors qu'en centre ville, les stations sont concentrées. Pour exemple, de l'appartement jusqu'au métro Woodbine (le plus proche), il vous faudra 25 minutes de marche à pieds.


Pour se déplacer, le torontois préfère plutôt utiliser le Street Car (comprenez Tramway). Tout un réseau de voies parcourt la ville et rend les déplacements d'est en ouest plus facile. (les déplacements nord - sud sont en général effectués par les bus). Cela a son charme. Un côté San Francisco, si on met de côté la pauvreté des bêtes de courses... Les torontois sont très fiers de leur système de transport. Je crois qu'ils n'ont pas vraiment de références en la matière. J'arrive donc à Little India, sous la pluie et après quelques détours, j'arrive à une station de métro, Donlands. J'achète mon premier ticket de métro, un Day Pass. Enfin je devrais dire un ticket de tombola. Un billet que gratte l'agent et qu'il faut que je présente pour passer. Car oui, à Toronto, on ne valide pas de ticket. On montre les titres de transport aux agents des guichets. Pour peu qu'ils regardent. Sans tickets ou carte, on achète des tokens, des minuscules pièces qui sont l'équivalent de nos tickets de métro, utilisables avec les bus et les tramway. Quand je vous disais que la RATP me manquait.


Je prends donc le métro et je traverse la ville pour aller visiter l'ouest. Le quartier de Bathurst. Kesington Market. Chinatown et Spadina Avenue. Tant de noms de quartiers, plus cosmopolites les uns que les autres. Plus ou moins tendance. Exotiques. Je voyage à l'intérieur de la ville. De retour dans le sud, je continue ma route pour attérir aux pieds de la CN Tower. Le coin est en construction, des grues assemblant ce qui vont être les prochaines tours d'habitation. Je me pose sur un banc, histoire de souffler un peu, contemplant de vieilles locomotives présentées dans ce qui ressemble à un musée. De retour sur la route, j'en profite pour refaire un tour du centre avant d'aller faire un peu de shopping à l'Eaton Center (sorte de grand centre commercial) avec Arnaud, mon ami couchsurfer, de passage aussi en ville (que le monde est petit!). Après 2 heures à flâner dans les magasins, je m'en vais rejoindre Sarah, une autre amie d'école supérieure qui vit ici depuis 2 ans. Quel plaisir de la revoir! Elle me fait visiter son quartier. Au croisement entre Yonge Street, Church Street et Bloor Street. Une espèce de rectangle d'or très vivant, commerçant, surpeuplé, dynamique et englobant le quartier gay de la ville (qui s'étend sur 3 blocs, autant dire très petit). Une longue promenade, du temps rattrapé et un dîner plus tard, je quitte Sarah pour retourner aux plages.

Troisième jour. Je ressens tous les kilomètres parcouru dans les jambes et les épaules. On va donc y aller plus doucement aujourd'hui. De plus, maintenant que je suis familiarisé avec les transports en commun, et plus particulièrement avec les Street Cars, il est plus facile pour moi de me déplacer. Retour au centre ville. Malgré la petite visite de la veille, je décide de re-parcourir Yonge Street et Bloor Street avec au passage un peu de lèche vitrine. Un sentiment de bien-être se fait ressentir. Cela fait du bien un grand bol d'énergie urbaine. Yonge Street, ses musées, ses restaurants et ses maisons de couleurs. Bloor Street et ses boutiques de luxe. Et qu'importe l'endroit où on est, on aperçoit toujours la CN Tower. Je me redirige maintenant vers le centre pour visiter Queen's Park avant d'aller voir l'Université de Toronto. Et là, c'est le choc. L'émerveillement est au maximum. Le campus ne possède que des bâtiments anciens, digne de Poudlard, l'école des sorciers d'Harry Potter.


La pluie m'incite à rentrer m'abriter et la magie continue. Boiseries, lustres et vitraux côtoient salles de classe et étudiant en journée d'intégration. Une sorte de rêve pour tout étudiant. J'avais du mal à quitter l'endroit tellement il était envoûtant. Mais il fallait que je rejoigne Sarah pour une ultime visite. Queen Street West. Et même West Queen Street West (c'est pour dire comment elle est longue). Tout comme à l'est, plusieurs quartiers s'enchainent avec comme mot d'ordre, l'art et la mode. Beaucoup de boutiques, friperies, cafés et salons de thé. C'est le Fashion District. 19h, je dis aurevoir à Sarah car je ne la reverrai pas et je rentre. Ce soir on sort avec Laura et Kevin. Au programme, verre dans un bar avec des amis de Kevin. Une terrasse, du cidre pour moi, et des discussions tout en anglais sur ce qu'est le Canada, le sens de la vie, etc... On change de lieu pour aller danser et on finit dans un appartement près des docks, tout près de la CN Tower. En haut d'une tour, au 21ème étage, vue sur le Lac Ontario et aperçu de nuit des îles de Toronto. La situation est assez irréaliste. Un vrai vendredi soir à Toronto. Et je suis assez fier de moi. Je me surprends à bien parler anglais. A comprendre ce qu'on me dit. Je me surprends à aimer parler anglais. Je me surprends à me dire "Et pourquoi pas Toronto...?".

Retour en taxi. Kevin a beaucoup bu. Et puis il est quand même 4h30 du matin. Le réveil est prévu à 6h45. Nous partons en voiture pour Montréal avec Laura, un de ses collègue et un ami de ce dernier. Mais avant tout, direction Niagara Falls. C'est à 2 heures en voiture alors ce serait dommage de ne pas le faire. Une ville aussi touristique. Une ville aussi fausse. Une vraie fête foraine. Et puis, il y a les chutes. Ce n'est pas que je suis particulièrement adepte de ce genre de sortie mais on reste quand même bouche bée quand on se retrouve en bas d'une chose aussi impressionnante que ces chutes. Toute cette eau. Un spectacle de la nature (en revanche, pas très spectacle Laura et moi dans nos magnifiques ponchos bleu en plastique pour nous protéger des éclaboussures d'eau).


Mais Niagara Falls, aussi connue soit-elle pour ses chutes, est aussi connue pour son casino. A ce stade là, il s'agit en fait d'un centre commercial-casino, temple pour joueurs aguerris (comprenez "il n'y avait bien évidemment que des vieux") et paradis pour joueurs du dimanche comme nous. Quelques tours de roulettes, 2-3 manivelles tirées et nous voilà repartis sur la route. On y aura passé presque 5 heures. Départ vers 16h de Niagara Falls. Arrivée à Montréal sur les coups de 23h30. Un trajet beaucoup plus sympa qu'un aller Montréal-Toronto en bus. On a pu découvrir des petites villes sur le chemin. Petit arrêt courses à Kingston par exemple. Et avec à la fin un énorme plaisir de retrouver la ville québécoise après ces 3 jours de folie. Laura est repartie pour le sud de Montréal, chez un ami tandis que j'ai accueilli nos deux compagnons de route chez moi, faute d'avoir trouvé une auberge de jeunesse. Malgré tout, aujourd'hui, la question se pose. Comme je disais, quand on a la possibilité de voyager à travers un pays aussi vaste que le Canada, on ne se prive pas. Je pourrais donc tout à fait, si je le souhaite, quitter Montréal et aller vivre à Toronto. Vivre cette vie citadine tous les jours. Parler en anglais constamment... Tout autant qu'à Vancouver, en y pensant. Vous voyez ce que je veux dire... Suite au prochain épisode.