15.9.11

Jour 77.

Venir vivre dans un pays étranger, seul, est un risque. Un risque de ne pas aimer. Un risque de déconner. Un risque de s'oublier. Mais c'est aussi un risque de perdre des gens. Un risque auquel on ne pense pas assez.

En un an vous allez forcément rencontrer des gens. Des personnes qui vont au fur et à mesure devenir vos amis. Votre soutien. Votre "famille". Des gens avec qui vous allez tout partager, les bons comme les mauvais moments. A chaque nouvelle étape, ils sont là pour vous aider à avancer. Ils représentent une partie de votre voyage. Mais étant de passage, vous ne pensez jamais que d'autres, eux aussi, le sont tout autant. Vous profitez de ces instants. Les journées se suivent mais vous oubliez l'inévitable : un jour, certaines personnes de votre "famille", des amis qui vous sont chers, vont devoir partir. Retourner à leurs anciennes vies où foyer, amis et amours les attendent. Tout simplement vous laisser. Et vous faites face au risque. Ce risque dont vous n'aviez pas idée, vous revient en pleine figure. Mais à cette étape, ce n'est plus un risque. En effet, vous ne pouvez plus rien faire. Vous ne pouvez pas intervenir. Vous êtes impuissant et vous subissez cette situation. Alors bien sûr, vous faites bonne figure en échangeant des "on se reverra". Oui, vous allez vous revoir. Vous allez tout faire pour. Mais en attendant, vous vous sentez comme brisé. Déjà fragilisé du fait que vous êtes loin de tout, le moindre départ ébranle tout ce que vous avez essayé de construire. Un(e) simple ami(e) peut faire de grands ravages. Et vous vous demandez comment va se passer l'"après départ". Par chance, vous avez trouvé un emploi qui va vous permettre de vous concentrer, de vous changer les idées. Vous vous dites que vous vous focaliserez sur ça pour éviter de trop penser. Enfin, vous savez pertinemment que ça ne fera que masquer le problème.

Mais le plus dur sera de faire face à ce que vous ressentez. Troublant. Vous serez partagé entre un sentiment de joie, de jalousie, de tristesse et de colère. Joie pour votre ami(e) qui retrouvera ses proches, toutes ces personnes qui lui ont manquées pendant un an. Jalousie envers ces dernières qui vont avoir la chance de profiter de cet(te) ami(e) qui vous est cher(e). La perte engendrera évidement de la tristesse et la colère de ne pouvoir rien faire se fera sentir. Gérer tant d'émotions d'un coup est assez dérangeant. Vous n'êtes pas égoïste. Simplement humain. "On se rend compte de l'importance d'une chose quand lorsqu'on la perd". Ce risque en pleine figure.

En y réfléchissant, la vie n'est qu'un risque. A tout moment, vous prenez des risques. Mais comme ils disent, "c'est ce qui rend la vie intéressante!". Oui. Pour peu qu'on y soit préparé.

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Mon ami M. part demain et j'ai beaucoup de mal à le vivre. Un mois que je le connais et j'ai l'impression que cela fait des années. Il y a tellement de choses qu'il faudrait que je vous raconte : mes débuts de nouveau salarié québécois, ce cours de danse Ragga-Dancehall avec Y. mais je ne pense qu'à demain. Tout le temps. Ces aurevoirs à l'aéroport. Ces coups de fil qu'on ne passera plus. Ces rires qui ne se feront plus entendre. Un ami que je vais devoir laisser partir. Avec une impression de déjà vu. Cette sensation que la distance m'a rendu plus émotif. Je déteste ça.