26.9.11

Jour 88.

Joyeux Anniversaire moi-même. 25 printemps comme ils disent.

Comme il est convenu pour ce genre d'événement, j'ai eu droit à une pléiade de messages Facebook, SMS et autres coups de téléphone de ma famille et amis. Étrange comment on a l'impression que chaque année il y en a toujours plus ! Mais cette année, la différence était le décalage horaire. Parce que oui, avec 6 heures de moins qu'en temps normal, vous souhaiter un joyeux anniversaire à l'oral relève du parcours du combattant

- Premier coup de téléphone : ma mère. Il était 4h du matin. Je dormais.
- Deuxième coup de téléphone : mon frère. Il était 6h du matin. Je dormais. Encore. Enfin, je me suis réveillé. Pour éteindre mon téléphone...
- Troisième coup de téléphone : ma mère. Il était 11h30. Je travaillais. Frustré de sentir mon téléphone sonner dans ma poche.

Finalement, quand j'ai enfin réussi à avoir mes parents au téléphone, j'ai appris que ça leur faisait bizarre de fêter mon anniversaire sans moi. A eux. Ça leur faisait bizarre, à eux. Et moi alors, qu'est ce que je devrais dire ? Moi aussi, ça me fait bizarre.

Du plus loin que je m'en souvienne, mon anniversaire est toujours tombé à de mauvais moments. Pendant plusieurs années, j'accumulais les week-ends où mes parents avaient des compétitions de golf. Sinon ça tombait en semaine où bien évidemment il était difficile d'organiser un dîner de famille. Mais ça, c'est pareil pour tout le monde. Enfin je crois. Et cette année, j'innove et je passe mon premier anniversaire à 5500km de tout le monde. Seul. Enfin pas vraiment. Mes amies allemandes I., F. et K. sont venues me voir à l'appartement. Une superbe écharpe American Apparel dans un sac, une tarte aux pommes et une carte de M. parti il y a 2 semaines. Une bonne petite soirée pour me faire oublier que je suis loin de tout le monde en ce jour de celebration.


Mais finalement, je me dis que ce n'est pas très grave. Finalement, 25 ans, ce n'est pas si différent de 24. Finalement, mon plus beau cadeau d'anniversaire c'est peut-être d'être où je suis en ce moment. C'est peut-être de me dire que j'ai réussi à accomplir ce que je voulais faire. Finalement. On verra l'année prochaine pour commencer à déprimer et se dire que c'est le début de la fin.


25.9.11

Jour 87.

Après 2 semaines de silence, je tiens à rassurer tout le monde sur mon état : je suis toujours vivant et je vais bien !

2 semaines, cela correspondant précisément au début de ma nouvelle carrière dans la restaurant. Je plaisante quand je parle de carrière. Bien évidemment......... J'ai donc commencé le job que j'avais obtenu en 20 minutes top chrono. Pas de contrat ici. Il s'agit presque d'un accord oral : tu viens, on te paye. Payé à peu près au smic horaire local + 4% du chiffre du service en pourboire. Par rapport au poste, rien de "bien compliqué": préparer les boissons, dresser les desserts et faire les commandes à emporter. Dis comme ça, cela peut paraître facile. Mais la formation de 3 jours n'est pas superflue, tant il y a de boissons différentes. Les cafés, les chocolats, les milkshakes, les smoothies et je ne vous parle pas des chocolats et des cafés alcoolisés. Le tout étant répertorié dans un classeur d'une cinquantaine de pages plastifiées. Le mot d'ordre : si tu as un doute, regarde dans le classeur car tout y est expliqué. Deuxième mot d'ordre : si tu as toujours un doute, demande, mais c'est quand même mieux si tu te démerde tout seul. Je plaisante. Encore.

Le problème avec le classeur, c'est que tu n'as pas forcément le temps de le regarder quand on te balance ta commande :

" 2 americano
+ 1 petit café au lait
+ 1 brownie fleur de sel
+ 1 smoothie choco-fruit banane
+ 1 medley nappé caramel glace noisette."

Quand on voit une commande comme celle-ci et que c'est notre premier voire deuxième jour, on se crispe. Pire, on se fige et on se dit qu'on y arrivera jamais. Parce qu'il faut quand même apprendre les mesures, le but étant de ne plus ouvrir le classeur. Alors on pratique. On lit le classeur et on repratique. On essaye de se créer des moyens mnémotechnique.

- le chocolat liégeois : liégois = lait = décoration lait + chocolat chaud noir + boule de glace
- le chocolat viennois : viennois = noir = décoration noir + chocolat chaud lait + crème fouétée.

Et aujourd'hui, au bout de 2 semaines, je pense être capable de faire une grosse partie des boissons et la totalités des desserts. Je peux aussi dire que je suis très capable de finir les restes! Parce que même en respectant les doses, c'est fou tout ce qu'on garde sur les bras. Et ce serait vraiment dommage de jeter, n'est-ce pas ?

En 2 semaines, j'ai vécu différents services. Journée. Soir. Week-end ou semaine. Bien évidemment, les services ou shifts de soir de week-end sont plus intenses et plus longs. Et je peux vous dire que par intense, j'entends vraiment intense. Le restaurant fermant en théorie à minuit le vendredi et samedi soir, il accueille en fait des clients jusqu'à minuit. Rajoutez à cela le temps de faire leurs commandes, le temps qu'eux, discutent, se racontent des blagues pendant que vous, vous êtes exténués, vous faites le ménage avec une énorme envie de rentrer et vous voyez votre shift se terminer à 2 heures du matin. Dans ces moments-là, vous vous demandez vraiment ce que vous foutez là. Mais au final, le travail est sympa. L'énergie des services de soir est assez prenante. Mais c'est surtout le reste de l'équipe qui rend la tâche moine ardue. Comme une petite famille dans le même bateau. J'ai même eu la chance de me trouver une coéquipière de galère anglophone avec qui je perfectionne mon anglais à chaque fois que nous travaillons ensemble. Plus les nombreux clients étrangers que nous avons. Une vraie bonne façon de pratiquer mon anglais. J'adore.

Et en 2 semaines, j'ai surtout eu mon premier virement bancaire sur mon compte québécois. Petite joie d'aller retirer de l'argent avec ma merveilleuse carte de débit. Moins petite joie quand le retrait de 225$CA pour finir de payer le loyer du mois correspond à 95% de la première paye. Heureusement, les tips reçus presque tous les jours me permettent en fait de payer mes petites dépenses sans avoir à utiliser mes cartes de crédit/débit. Le système fonctionne plutôt bien en fait. Enfin, me convient plutôt bien devrais-je dire. Aurais-je trouvé la solution à mes problèmes d'achats compulsifs ? J'ai quand même encore des doutes là dessus...

15.9.11

Jour 77.

Venir vivre dans un pays étranger, seul, est un risque. Un risque de ne pas aimer. Un risque de déconner. Un risque de s'oublier. Mais c'est aussi un risque de perdre des gens. Un risque auquel on ne pense pas assez.

En un an vous allez forcément rencontrer des gens. Des personnes qui vont au fur et à mesure devenir vos amis. Votre soutien. Votre "famille". Des gens avec qui vous allez tout partager, les bons comme les mauvais moments. A chaque nouvelle étape, ils sont là pour vous aider à avancer. Ils représentent une partie de votre voyage. Mais étant de passage, vous ne pensez jamais que d'autres, eux aussi, le sont tout autant. Vous profitez de ces instants. Les journées se suivent mais vous oubliez l'inévitable : un jour, certaines personnes de votre "famille", des amis qui vous sont chers, vont devoir partir. Retourner à leurs anciennes vies où foyer, amis et amours les attendent. Tout simplement vous laisser. Et vous faites face au risque. Ce risque dont vous n'aviez pas idée, vous revient en pleine figure. Mais à cette étape, ce n'est plus un risque. En effet, vous ne pouvez plus rien faire. Vous ne pouvez pas intervenir. Vous êtes impuissant et vous subissez cette situation. Alors bien sûr, vous faites bonne figure en échangeant des "on se reverra". Oui, vous allez vous revoir. Vous allez tout faire pour. Mais en attendant, vous vous sentez comme brisé. Déjà fragilisé du fait que vous êtes loin de tout, le moindre départ ébranle tout ce que vous avez essayé de construire. Un(e) simple ami(e) peut faire de grands ravages. Et vous vous demandez comment va se passer l'"après départ". Par chance, vous avez trouvé un emploi qui va vous permettre de vous concentrer, de vous changer les idées. Vous vous dites que vous vous focaliserez sur ça pour éviter de trop penser. Enfin, vous savez pertinemment que ça ne fera que masquer le problème.

Mais le plus dur sera de faire face à ce que vous ressentez. Troublant. Vous serez partagé entre un sentiment de joie, de jalousie, de tristesse et de colère. Joie pour votre ami(e) qui retrouvera ses proches, toutes ces personnes qui lui ont manquées pendant un an. Jalousie envers ces dernières qui vont avoir la chance de profiter de cet(te) ami(e) qui vous est cher(e). La perte engendrera évidement de la tristesse et la colère de ne pouvoir rien faire se fera sentir. Gérer tant d'émotions d'un coup est assez dérangeant. Vous n'êtes pas égoïste. Simplement humain. "On se rend compte de l'importance d'une chose quand lorsqu'on la perd". Ce risque en pleine figure.

En y réfléchissant, la vie n'est qu'un risque. A tout moment, vous prenez des risques. Mais comme ils disent, "c'est ce qui rend la vie intéressante!". Oui. Pour peu qu'on y soit préparé.

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Mon ami M. part demain et j'ai beaucoup de mal à le vivre. Un mois que je le connais et j'ai l'impression que cela fait des années. Il y a tellement de choses qu'il faudrait que je vous raconte : mes débuts de nouveau salarié québécois, ce cours de danse Ragga-Dancehall avec Y. mais je ne pense qu'à demain. Tout le temps. Ces aurevoirs à l'aéroport. Ces coups de fil qu'on ne passera plus. Ces rires qui ne se feront plus entendre. Un ami que je vais devoir laisser partir. Avec une impression de déjà vu. Cette sensation que la distance m'a rendu plus émotif. Je déteste ça.

12.9.11

Jour 73.

"Qu'est ce que tu fais demain après-midi ? Comme je sais que tu as un blog et qu'il faut l'enrichir, je te propose d'aller voir un match de l'Impact, l'équipe de soccer de Montréal...". Voilà comment on m'avait présenté la chose.

Direction donc le Stade Saputo (marque de fromage. Pas de jeux de mots, s'il vous plait) pour le match Impact de Montréal VS Caroline RailHawks. Pour ceux qui ne le savent pas, je n'ai jamais été un fan de football. Enfin de soccer. Oui ici, on dit soccer. Football, c'est football américain. Bref. Les seules fois où j'ai dû regarder un match à la télévision, c'était lors des coupes du monde et autres grands événements pendant lesquels je m'affairais plus à déguster ma pizza et finir mon cocktail qu'à suivre le match lui-même. C'est donc plein de curiosité que je m'installe dans les gradins. Et vous vous en doutez, pendant 1h30, nous avons regardé les deux équipes courir après un ballon. Enfin le but du jeu. Mais contrairement à ce qu'on peut voir pendant les match en France, les match ici sont calmes. Une occasion de sortir en famille. On y mange. On y boit. On supporte son équipe et on se lève en silence au moment des hymnes nationaux. Petite particularité : le groupe des Ultra, espèce de gang de supporters, armés de tambours et de voix pour encourager corps et âme leur équipe favorite.


En revanche, les équipes, elles, ont l'air beaucoup plus virulentes. On a pu assister à quelques prises de becs entre joueurs. Histoire d'agrémenter le match en manque de rythme. L'équipe de Montréal aura finalement marqué un but. J'aurais finalement passé un agréable moment plus à discuter qu'à regarder le match. Je ne suis finalement pas encore prêt à devenir fan de football.


8.9.11

Jour 70.

- "Bonjour. J'aimerais savoir si à tout hasard, vous embauchiez du personnel?"
- "Oui. Asseyez-vous, je vais aller chercher la gérante."

5 minutes plus tard.

- "Bonjour. Jonathan."
- "Bonjour. Eleonor."

[...]

- "Quel est la chose sur laquelle tu vas devoir travailler ? Ton défaut ?
- "Hummm... J'ai envie de dire que je suis français. Et que donc j'ai un peu de mal parfois à comprendre le québécois. Mais bon, cela fait 10 minutes qu'on discute ensemble et j'ai tout compris!"
(Sourires).

[...]

- "Et tu as postulé ailleurs?"
- "Oui. Quelques CV et là je reviens d'un entretien chez Second Cup."
- "Ok. Bah arrête de chercher, c'est bon, je te prends. Mais je ne sais pas quand est-ce que tu commenceras. Je t’appellerais cette fin de semaine pour te donner le jour et l'horaire de ton training la semaine prochaine."

... Ou comment trouver un emploi en 20 minutes. Chez Juliette & Chocolat. Miam. C'est aussi Montréal.

Jour 69.

Quand on part vivre à l'étranger, il y a des étapes qu'on ne peut éviter. Obtenir son numéro de sécurité sociale. Ouvrir une ligne téléphone. Ouvrir un compte en banque. Et dans chaque cas, il faut s'adapter et comprendre les rouages et le fonctionnement.

Dans le cas du compte en banque, il faut dans un premier temps prendre rendez-vous. Oui c'est à peu près pareil dans tous les pays. Cette étape est encore plus simple quand votre colocataire travaille dans la dite banque. En fait, cette colocataire est la raison de votre inscription dans cette dite banque plutôt quand dans une autre. Bah oui, pourquoi s'embêter à chercher une banque quand à 3 mètres de sa chambre, on a une banquière à disposition.

Rendez-vous pris. 16h. On tâche quand même d'arriver à l'heure, voire un peu en avance. 15h58 c'est parfait. On est accueilli par une charmante demoiselle (elle est quand même merveilleuse cette colocataire...) qui nous indique de prendre l'ascenseur et d'attendre dans la salle d'attente du 2ème étage. Après 5 minutes d'attente, on rencontre enfin sa conseillère et on a la surprise de voir une demoiselle fraiche, dynamique et à 100 000 lieux du cliché du banquier aigri, barbu avec 30cm de bouée qui dépasse de tous les côtés. Et c'est là que la magie québécois opère. On se vouvoie pour le protocole mais on discute. La conseillère souhaite connaître son client. Le "quoi?", le "pourquoi?" et le "comment?". Ouvrir un compte en soi n'est pas des plus compliqués. Remplir des cases sur l'écran avec toutes les informations. Mais le côté humain est mis en avant. On se laisse même aller. On voit que le courant passe avec mademoiselle et on rigole. On écoute les anecdotes de cette dernière, on rit et on se dit dans notre tête "ce serait vraiment sympa de l'inviter boire un verre à l'appartement!". Mais ce ne serait pas très professionnel. Alors on se tait.

Au fil de la conversation, on pose des questions et on commence à cerner les différences entre le système bancaire français et canadien. Ici, en tant que nouvel arrivant, vous ne pourrez bénéficier d'une carte de crédit. Seule la carte de débit vous sera proposée. Comprenez "Mobicarte de la banque" soit pas d'argent = pas possible de l'utiliser. Plusieurs "forfaits" existent. Le premier, de base, vous accorde 15 transactions par mois (retrait, paiement, etc...). Au delà, la transaction coûte 0,65$CA. En tant qu'acheteur fréquent, heureusement que je ne paye pas de frais en utilisant ma carte française. Dieu merci. Cependant, je paye la conversion. On comprend donc mieux le système de "cash-back" qui vous permet de retirer de l'argent à la caisse quand vous faites vos courses. Vous augmentez la note et obtenez la différence en cash. En soit c'est pratique mais vous conviendrez que ce besoin de tout taxer devient vite un fléau. Les cartes de crédit, elles, fonctionnent sur un système particulier. Même si vous avez de l'argent sur votre compte, chaque transaction que vous effectuez avec votre carte de crédit correspond à de l'argent que la banque vous prête. A vous ensuite de régler dans un délai d'un mois vos transactions, sur internet par exemple. Imaginez qu'il existe un compte fictif qu'il vous faut remplir tous les mois du montant de la somme de vos dépenses. Vous rendez ainsi l'argent que la banque vous a prêté. Expliqué comme cela, ça peut paraître étrange et sorti d'un film futuriste mais en attendant un scénariste qui changement le script, on est bien obligé de faire avec et de s'adapter (magnifique métaphore, je suis assez fier).

Le grand avantage (enfin cela dépend de comment on le voit) de l'ouverture d'un compte au Canada, c'est qu'à la fin de votre entretien avec la conseillère, vous obtenez une carte de débit temporaire. Elle est passée dans la machine, vous avez choisi vous-même les chiffres de votre code PIN. Elle est fonctionnelle, jusqu'à l'obtention de votre carte définitive par courrier. En revanche, vous vous rendez compte que vous n'avez pas d'argent dessus et qu'il vous en coûtera 15$CA pour recevoir de l'argent étranger sur votre compte canadien. Je parlais d'un fléau, non?

6.9.11

Vente trottoir sur l'avenue Mont-Royale.

Jours 62 - 65

Quand on a la possibilité de voyager à travers un pays aussi vaste que le Canada, on ne se prive pas. Manquerait plus que ça! Et vu ce que ce dernier a à offrir, chaque déplacement, billet de bus ou kilomètre en voiture se transforme en réelle aventure. Pour notre plaisir.

Alors quand j'ai décidé de quitter Montréal quelques jours pour aller visiter Toronto, je ne vous explique pas mon enthousiasme. Bon d'accord, il n'était pas très palpable le mercredi matin, quand il a fallu que je me lève à 7h30. Ça allait un peu mieux dans le bus mais ce n'était pas encore tout à fait ça. Il faut quand même savoir s'occuper pendant 6h30. Mais dès les premiers aperçus de la ville, au loin, ce fameux enthousiasme revient. Et il ne cesse de grandir au fur et à mesure qu'on s'approche de la cité ontarienne. Dès la descente du bus, on se retrouve directement plongé au cœur de la ville. Des gratte-ciels à perte de vue. Tout est grand. Peuplé. Magique. Tellement magique que je ne veux pas perdre une seule seconde. Il est 16H45 et je dois rejoindre mon amie Laura vers 18H30. Copine d'école supérieur, elle m'héberge gentiment pour 3 nuits et vit avec son chéri, Kevin, tout à l'est de la ville, à 5 minutes des plages de Toronto. Car oui, pour ceux qui ne le savaient pas : il y a des plages à Toronto. Des vraies, avec du sable, de l'eau (le Lac Ontario), les gens qui courent et tout le reste. Des plages. Avant donc de découvrir ces fameuses plages, je m'engouffre dans les rues de ce paradis urbain. Et là, je la vois. Impossible de la rater. Tellement belle. Magnifique. Je veux la voir de plus près. Érigée tel un symbole. Un repère. Je veux bien sûr parler de la CN Tower. (Encore plus belle de nuit).


Je savoure chaque rue, chaque immeuble que je vois, malgré mon sac de 15 kilos sur le dos et une température extérieure très accueillante. L'hôtel de ville. La gare centrale. Les immeubles modernes côtoient des bâtiments anciens. De véritables châteaux, symboles des influences anglaises et françaises. Arrivé sur Queen Street (la plus grande rue de la ville, qui coupe d'est en ouest), je me dirige vers l'est pour aller aux plages. Dans un élan de motivation hors du commun, je décide de le faire à pieds. Erreur. Il m'aura fallu presque 2 heures pour arriver chez Laura. Toujours avec le sac de 15 kilos sur le dos (pour rappel). Mais au moins, cela m'aura permis de découvrir quelques quartiers de la ville, l'east-Toronto étant surtout résidentiel. De nombreuses boutiques occupent les trottoirs de la rue et il est marrant de voir les différents quartiers traversés. Du centre d'affaire à un quartier plus pauvre, suivis de quelques blocs plus fashion et hype puis une petite ville dans la ville pour arriver au quartier des plages qui ressemble à s'y méprendre à un centre de balnéothérapie normand. J'arrive chez Laura exténué mais ravi d'avoir finalement pris cette décision. La journée se terminera sur la plage, de nuit, en compagnie de Laura et Kevin. Sensation très agréable d'être les pieds dans le sable alors qu'on aperçoit au loin la CN Tower.

Deuxième journée et je ne perds pas de temps. REN-TA-BI-LI-TE! Je quitte l'appartement vers 11h30 et je me dirige vers le nord pour découvrir Little India. Et je découvre que la ville est réellement immense. Je me perds un peu dans les grandes rues quand soudain la pluie pointe son nez. Mais c'est pas ça qui va m'arrêter. J'aurais pu continuer ma route en transports en commun mais ne connaissant pas les lignes de bus, je ne préfère pas prendre le risque. Quant au métro ? Autant vous dire que la RATP m'a manqué. Il s'agit du réseau de transport souterrain le plus mal fichu que je connaisse (même Rennes à côté, c'est New York). Il existe 3 lignes, placées à des endroits très peu pratiques alors qu'en centre ville, les stations sont concentrées. Pour exemple, de l'appartement jusqu'au métro Woodbine (le plus proche), il vous faudra 25 minutes de marche à pieds.


Pour se déplacer, le torontois préfère plutôt utiliser le Street Car (comprenez Tramway). Tout un réseau de voies parcourt la ville et rend les déplacements d'est en ouest plus facile. (les déplacements nord - sud sont en général effectués par les bus). Cela a son charme. Un côté San Francisco, si on met de côté la pauvreté des bêtes de courses... Les torontois sont très fiers de leur système de transport. Je crois qu'ils n'ont pas vraiment de références en la matière. J'arrive donc à Little India, sous la pluie et après quelques détours, j'arrive à une station de métro, Donlands. J'achète mon premier ticket de métro, un Day Pass. Enfin je devrais dire un ticket de tombola. Un billet que gratte l'agent et qu'il faut que je présente pour passer. Car oui, à Toronto, on ne valide pas de ticket. On montre les titres de transport aux agents des guichets. Pour peu qu'ils regardent. Sans tickets ou carte, on achète des tokens, des minuscules pièces qui sont l'équivalent de nos tickets de métro, utilisables avec les bus et les tramway. Quand je vous disais que la RATP me manquait.


Je prends donc le métro et je traverse la ville pour aller visiter l'ouest. Le quartier de Bathurst. Kesington Market. Chinatown et Spadina Avenue. Tant de noms de quartiers, plus cosmopolites les uns que les autres. Plus ou moins tendance. Exotiques. Je voyage à l'intérieur de la ville. De retour dans le sud, je continue ma route pour attérir aux pieds de la CN Tower. Le coin est en construction, des grues assemblant ce qui vont être les prochaines tours d'habitation. Je me pose sur un banc, histoire de souffler un peu, contemplant de vieilles locomotives présentées dans ce qui ressemble à un musée. De retour sur la route, j'en profite pour refaire un tour du centre avant d'aller faire un peu de shopping à l'Eaton Center (sorte de grand centre commercial) avec Arnaud, mon ami couchsurfer, de passage aussi en ville (que le monde est petit!). Après 2 heures à flâner dans les magasins, je m'en vais rejoindre Sarah, une autre amie d'école supérieure qui vit ici depuis 2 ans. Quel plaisir de la revoir! Elle me fait visiter son quartier. Au croisement entre Yonge Street, Church Street et Bloor Street. Une espèce de rectangle d'or très vivant, commerçant, surpeuplé, dynamique et englobant le quartier gay de la ville (qui s'étend sur 3 blocs, autant dire très petit). Une longue promenade, du temps rattrapé et un dîner plus tard, je quitte Sarah pour retourner aux plages.

Troisième jour. Je ressens tous les kilomètres parcouru dans les jambes et les épaules. On va donc y aller plus doucement aujourd'hui. De plus, maintenant que je suis familiarisé avec les transports en commun, et plus particulièrement avec les Street Cars, il est plus facile pour moi de me déplacer. Retour au centre ville. Malgré la petite visite de la veille, je décide de re-parcourir Yonge Street et Bloor Street avec au passage un peu de lèche vitrine. Un sentiment de bien-être se fait ressentir. Cela fait du bien un grand bol d'énergie urbaine. Yonge Street, ses musées, ses restaurants et ses maisons de couleurs. Bloor Street et ses boutiques de luxe. Et qu'importe l'endroit où on est, on aperçoit toujours la CN Tower. Je me redirige maintenant vers le centre pour visiter Queen's Park avant d'aller voir l'Université de Toronto. Et là, c'est le choc. L'émerveillement est au maximum. Le campus ne possède que des bâtiments anciens, digne de Poudlard, l'école des sorciers d'Harry Potter.


La pluie m'incite à rentrer m'abriter et la magie continue. Boiseries, lustres et vitraux côtoient salles de classe et étudiant en journée d'intégration. Une sorte de rêve pour tout étudiant. J'avais du mal à quitter l'endroit tellement il était envoûtant. Mais il fallait que je rejoigne Sarah pour une ultime visite. Queen Street West. Et même West Queen Street West (c'est pour dire comment elle est longue). Tout comme à l'est, plusieurs quartiers s'enchainent avec comme mot d'ordre, l'art et la mode. Beaucoup de boutiques, friperies, cafés et salons de thé. C'est le Fashion District. 19h, je dis aurevoir à Sarah car je ne la reverrai pas et je rentre. Ce soir on sort avec Laura et Kevin. Au programme, verre dans un bar avec des amis de Kevin. Une terrasse, du cidre pour moi, et des discussions tout en anglais sur ce qu'est le Canada, le sens de la vie, etc... On change de lieu pour aller danser et on finit dans un appartement près des docks, tout près de la CN Tower. En haut d'une tour, au 21ème étage, vue sur le Lac Ontario et aperçu de nuit des îles de Toronto. La situation est assez irréaliste. Un vrai vendredi soir à Toronto. Et je suis assez fier de moi. Je me surprends à bien parler anglais. A comprendre ce qu'on me dit. Je me surprends à aimer parler anglais. Je me surprends à me dire "Et pourquoi pas Toronto...?".

Retour en taxi. Kevin a beaucoup bu. Et puis il est quand même 4h30 du matin. Le réveil est prévu à 6h45. Nous partons en voiture pour Montréal avec Laura, un de ses collègue et un ami de ce dernier. Mais avant tout, direction Niagara Falls. C'est à 2 heures en voiture alors ce serait dommage de ne pas le faire. Une ville aussi touristique. Une ville aussi fausse. Une vraie fête foraine. Et puis, il y a les chutes. Ce n'est pas que je suis particulièrement adepte de ce genre de sortie mais on reste quand même bouche bée quand on se retrouve en bas d'une chose aussi impressionnante que ces chutes. Toute cette eau. Un spectacle de la nature (en revanche, pas très spectacle Laura et moi dans nos magnifiques ponchos bleu en plastique pour nous protéger des éclaboussures d'eau).


Mais Niagara Falls, aussi connue soit-elle pour ses chutes, est aussi connue pour son casino. A ce stade là, il s'agit en fait d'un centre commercial-casino, temple pour joueurs aguerris (comprenez "il n'y avait bien évidemment que des vieux") et paradis pour joueurs du dimanche comme nous. Quelques tours de roulettes, 2-3 manivelles tirées et nous voilà repartis sur la route. On y aura passé presque 5 heures. Départ vers 16h de Niagara Falls. Arrivée à Montréal sur les coups de 23h30. Un trajet beaucoup plus sympa qu'un aller Montréal-Toronto en bus. On a pu découvrir des petites villes sur le chemin. Petit arrêt courses à Kingston par exemple. Et avec à la fin un énorme plaisir de retrouver la ville québécoise après ces 3 jours de folie. Laura est repartie pour le sud de Montréal, chez un ami tandis que j'ai accueilli nos deux compagnons de route chez moi, faute d'avoir trouvé une auberge de jeunesse. Malgré tout, aujourd'hui, la question se pose. Comme je disais, quand on a la possibilité de voyager à travers un pays aussi vaste que le Canada, on ne se prive pas. Je pourrais donc tout à fait, si je le souhaite, quitter Montréal et aller vivre à Toronto. Vivre cette vie citadine tous les jours. Parler en anglais constamment... Tout autant qu'à Vancouver, en y pensant. Vous voyez ce que je veux dire... Suite au prochain épisode.