11.10.11

Jour 103.

Quand vous partez à l'étranger, il y a une notion qui revient régulièrement. La famille. "Ma famille me manque". C'est immanquable. Cette phrase, vous l'entendrez souvent. Vous rappelant que vous en avez une aussi. Une qui se trouve à des milliers de kilomètres. Une phrase qui a tendance à plus vous déprimer que vous réconforter.

Dans ce cas là, pour palier la distance, chaque personne va avoir le même réflexe : se recréer une famille. Tout est propice à s'en créer une. Pour preuve, dans ma situation, il m'est déjà possible d'identifier 3 familles différentes auxquelles j'appartiens. Je ne pourrais cependant pas vous dire quel rôle je joue dans chacune d'elle (probablement le fils un peu dérangé et rigolo. Enfin le même rôle que dans ma vraie famille. Le karma.).

Il y a tout d'abord la famille la plus proche, celle qui correspond à la définition propre et stricte du terme : les personnes avec qui vous vivez. Mes colocataires dans mon cas. Bien évidemment, partager le même papier toilette et les tâches ménagères, ça crée des liens. Alors vous tâchez de les entretenir. Vous vous levez quand vous entendez l'un d'eux rentrer. Proposez d'aller boire un verre, voir un concert. Tenez, justement, c'était Thanksgiving il y a 2 jours. Alors on organise un dîner "à la maison" demain. Dinde... enfin poulet. Pommes de terre. Courges. Sauce aux airelles. Je pense qu'on va se régaler. En compagnie de deux-trois amis supplémentaires, on fêtera l'Action de Grâce. Comme une véritable petite famille, finalement. Une famille dans laquelle vous avez un peu atterri par hasard.

Viennent ensuite les amis qui représentent votre famille de cœur. Vous passez votre temps libre avec. Vous partagez les bons et les mauvais moments. Surtout les bons en fait. Enfin on essaye de limiter les mauvais. Cette famille est celle qui vous console le plus car vous vivez vos aventures et expériences avec elle. Elle vit ce que vous vivez. L'assimilation est telle que vous vous reposez presque entièrement sur celle-ci. Vous en avez besoin et pourtant, il peut vous arriver de ne plus en vouloir. Comme votre véritable famille. Qui n'en a jamais eu marre de sa propre famille? Cette famille est en résumé, votre pilier. Votre base. C'est elle qui vous a accueilli. Parallèlement, cette famille-ci vous rappelle vos amis laissés dans votre pays d'origine. Vos parents vous manquent. Maintenant vos amis vous manquent. Si vous continuez dans cet état d'esprit, vous ne passerez jamais l'hiver entier. Mais que voulez-vous, c'est humain de se souvenir. Mais heureusement que cette famille de cœur est là. Une famille dans laquelle vous vous sentez bien, en sécurité.

Mais si on part du principe qu'une famille est symbolisée par un regroupement de personnes liées par un ou plusieurs points communs, des milliers de possibilités s'offrent à vous. Et vous avez la surprise d'en voir une se former au sein de votre travail. Vous savez, le fameux job que vous avez obtenu en à peine 20 minutes. Celui où vous travaillez depuis 1 mois. Plus le temps passe, et plus vous vous rapprochez de vos collègues. Comme pour le papier toilette. Mais là, on parle de machine à café et de clients désagréables. C'est en somme la même chose. Et puis un jour, vous vous rendez compte que ces personnes, celles avec qui vous travaillez, vous ont intégré au sein de leur groupe. Ce n'est pas encore total mais la machine est lancée. Facebook en est la première étape. On vous apprécie. Vous en êtes désormais conscient et ça fait quand même énormément plaisir. Vous qui pensiez que la différence de culture vous empêcherait de vous lier d'amitié avec des locaux. On vous a même trouvé un surnom, c'est pour dire. Il y a certes certaines personnes que vous appréciez plus que d'autres, mais vous vous dites que c'est la même que votre cousin Jean-Roger, que vous voyez à Noël, tous les 4 ans et encore, quand il n'a pas poney avec la demi-soeur de la tante par alliance de celui-ci. Mais le plus important c'est qu'au fond, tout cela vous plait. Une famille dans laquelle vous œuvrez et que vous appréciez le temps qu'elle dure.

Et puis tout en écrivant ces lignes, j'apprends qu'un de mes amis, connu via Twitter, est dans une passe difficile. Peine de cœur. Je fais de mon mieux pour le consoler, lui expliquant que nous, twitteux, sommes tous derrière lui. Et je me rends compte que finalement, Twitter aussi est une famille. Virtuelle au premier abord. Comprenant de nombreuses personnes qui communiquent entre elles, qui se serrent les coudes pendant les coups durs et qui discutent du beau temps, de la mort d'untel ou de la sortie du dernière album d'unetelle. Des points communs. Vous n'avez pas rencontré la totalité de ces personnes et pourtant vous partagez et avez de l'empathie pour eux. Vous vous l'êtes créée et vous lui racontez tout. Une famille que vous avez créée à votre image.

Alors le jour où vous vous sentirez seul, regardez autour de vous. Il y aura toujours un petit coin de ciel bleu, toujours quelqu'un pour vous tendre la main. Même à l'autre bout du monde.

Jour 101.

Retour en centre ville. Cela faisait des lustres que je n'y étais pas retourné. Une bouffée d'air pollué, de buildings et de boutiques. La vie, en somme. Avec son petit lot de surprises. Il devait y avoir un regroupement de vieilles voitures. Je ne vois que cette explication.

R.I.P Steve Jobs.



Les première couleurs d'automne.