21.2.12

Jour 237.

Samedi 18/02, message Facebook de Tim :

"Ca vient de paraître sur Kijiji ^^".

Offre d'emploi : 

Qui sommes nous ?
- Entreprise de personnalisation spécialisée dans les t-shirts, stickers muraux, cartes d’affaires 
- Située à Montréal dans le quartier du MileEnd
- Chiffre d’affaires de 3 millions CAD
- Ventes dans le monde entier (Canada, Australie, Europe, Etats-Unis)
- Une entreprise jeune et dynamique qui vous offre des perspectives d’avenir

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Moitie de votre temps sera consacre a aider notre equipe de artwork et l'autre moitie sera de realiser des bannieres web et des designs de t shirts qui seront vendus sur wordans.com.

Envoyez nous votre CV et Portfolio



Envoi de ma candidature dimanche 19/02.


Lundi 20/02,10:00, coup de téléphone :
"Hello, i'd like to speak with Jonathan..."


Rendez-vous pris pour 14:30 le même jour.
14:30 : arrivée au rendez-vous.
14h44 : fin du rendez vous.
15 minutes d'entretien en anglais. 
"I call you tomorrow afternoon to give you my answer..."


Mardi 21/02,9:45, coup de téléphone :
"Bonjour, je m'appelle Arthur. J'aimerais parler à Jonathan..."


Rendez-vous pris pour 14:30 le même jour. Encore. Mais cette fois-ci avec le président.

14:30 : arrivée au rendez-vous.
14h35 : fin du rendez vous.


"Je veux bien t'embaucher. Tu commences demain à 9h. Si tu travailles sur Mac, ramènes ton ordinateur. C'est 11$ de l'heure, le premier mois. Je t'envoie un mail de confirmation. Merci, à demain Jonathan."


Message mail :



Bonjour Jonathan,
Je vous confirme vous embauche pour demain matin : 
40 heures par semaine a 11$ de l'heure.
1 semaine de vacance par an.

Bien a vous,
Eric


Stress au point maximum. C'est aussi ça, Montréal.

19.2.12

Jour 233.

Depuis le temps, vous avez compris que Montréal était la ville des choses improbables. Les soirées improbables. Les événements improbables. Les rencontres improbables. Les sorties improbables.

Ce soir là, rendez-vous chez Blandine à 18h30. Arrivée 18h40. A peine arrivé qu'on repart de suite. "Le bus est dans 8 minutes à Papineau. Où sont Paul et Flora ?" C'est la course mais on arrive à prendre le bus de justesse. Et 20 minutes plus tard, nous voilà arrivés à destination. Le Taz. Lieu d'entraînement pour sport de guerrier tels que le BMX, le roller ou autre. Ce soir, Montréal affronte Boston. Un match au sommet. Un match de Roller Derby.

Le Roller Derby c'est un peu comme le sport dont tout le monde a déjà entendu parlé, que tout le monde aimerait voir en vrai dont personne ne connait réellement les règles. Y compris moi. Deux sessions de 30 minutes à voir des femmes équipées de la tête aux pieds et perchées sur des rollers à tourner en rond. Vous expliquer les règles prendraient vraiment trop de temps, sachant que moi-même, je ne les ai pas toutes assimilées. "Mais il veut dire quoi l'arbitre en bougeant les bras comme ça?". Au bout de 30 minutes, j'ai deviné la réponse. J'étais plutôt fier de moi. Et plus le match avançait, plus les joueuses étaient fatiguées. Cela se ressentait. Dans leur vitesse. Dans leurs chutes. Et tout le monde aime les chutes.

Au final, l'équipe de Montréal a gagné. La foule en délire n'a pas cessé de crier à chaque point marqué. Foule composée à 85% de filles. Le Roller Derby c'est un sport de filles, supportées par des filles. Toute cette progestérone. Et comme une chose ne vient jamais seule ici, la soirée s'est poursuivie au Royal Phoenix, bar sponsor du match. Car la copropriétaire fait partie de l'équipe de Montréal aka Val Desjardins. Notre héroine à tous. Et Montréal offre la possibilité de sortir sans payer. Si on s'organise un minimum. La vie, la vraie, en somme.

Et je vous laisse avec ce petit extrait du match. Histoire de constater le chaos totalement maitrisé de ce sport. On y retourne le mois prochain!

14.2.12

Jour 229.

Aujourd'hui, signature de mon tout premier bail. Je change de colocation à partir du mois prochain. Bon ok, je ne suis pas encore devenu un homme pour autant mais ca fait quand même quelque chose. Signer un bail. Ca fait quand même partie des étapes d'une vie... Enfin je crois. Même si c'est pour 4 mois. Un bail reste un bail.

Et puis c'est l'occasion de faire un bilan. De refaire un bilan, plutôt. Encore un. Comme si je n'en faisais pas déjà assez...

C'est toujours un peu désagréable de le faire pourtant. Devoir se manger dans la face ce qui se passe dans votre vie. Devoir se rendre compte que son temps est compté. Car ma vie n'est certes pas en danger (normalement) mais mon retour en France est de plus en plus d'actualité. Mon visa expire dans 4 mois et pour le moment je n'ai toujours pas trouvé d'emploi. Pas que je m'en soucie plus que ça. J'apprends doucement à vivre avec ce qui vient à moi. A apprécier. Je rassure tout de suite mes parents : "Oui, je vais me trouver un emploi". Et je rajoute "Ne vous inquiétez pas pour moi, je ne vais pas me laisser à l'abandon non plus...". De toute façon il va falloir que je trouve un job si je veux payer mon loyer. Mais comme dans une relation amoureuse qui s'approche doucement de la fin (et je parle en connaissance de cause), on apprend à profiter de chaque moment. Parce que finalement je ne sais pas encore où je serai dans 4 mois. Ici. En France. Ailleurs. Je n'en ai aucune idée. Alors plutôt que de faire des plans dans tous les sens comme j'ai pu en faire au début de mon aventure, je préfère savourer. On verra en temps voulu. Profiter c'est aussi laisser une place à la surprise. Je ne veux pas gâcher ce visa qui m'a été offert. Jusqu'au bout.

De toute façon, cela fait deja un bon bout de temps que je sais que je m'accomplirai professionnellement sur le tard. Il y a les winners qui, sortis de leur études, trouvent un job ou montent leur boîte. Tout leur sourit et tant mieux pour eux. Et puis il y a les personnes qui galèrent pendant un certain temps et qui, passé la trentaine, se révèlent. Après avoir atteint une certaine maturité. L'âge d'or. Et je pense en faire partie. Et puis c'est pas plus mal. J'accepte cette espèce de condition humaine, ce "karma" en me disant que les choses sont ainsi faites pour une bonne raison. La mienne étant, je pense, que j'ai encore beaucoup de chose à découvrir. Je m'imagine comme une énorme éponge. J'emmagasine tout ce que je vois, ce que je vis et je sais qu'un jour, tout cela me servira. Je le sais.

Alors comme je ne sais pas ce que la vie me réserve, des fois, je m'imagine devoir quitter mes amis ici pour retrouver mes miens en France. Ne plus voir le visage de tous ces gens qui auront fait de cette année un souvenir inoubliable. Mais alors autant j'aurais pu être triste il y a de ça quelque temps, autant aujourd'hui, je me sens plus serein. Relativiser permet de mieux apprécier. Si je dois rentrer en France, qu'il en soit ainsi. Mais je pourrais au moins dire que j'ai passé une fucking de putain d'année (langage de jeune, pardonnez moi). Car je ne regrette en rien ce qui s'est passé. Les gens que j'ai rencontrés et qui sont devenus de réels amis. Les mecs, insignifiants ou non, qui ont croisé mon chemin. Les soirées, les folies. Tout ça aura contribué à ce que je suis devenu aujourd'hui. J'aurais jamais pensé pouvoir faire tout ça. Et tout est passé tellement vite! J'ai parfois du mal à m'en rendre compte moi-même tellement je sens une différence entre celui que je suis et celui que j'étais.  Et puis quand même, j'ai signé mon premier bail, c'est pas rien!

Et puis imaginer devoir mes amis ici, c'est aussi et surtout imaginer retrouver ceux que j'ai laissés. Ces personnes qui m'ont vu partir. Je ne sais pas pas vraiment à quoi vont ressembler les retrouvailles (heureuses, j'espère) mais une chose est sûre : il va être difficile de reprendre la vie comme je l'avais laissée. Parce qu'en fait, j'en ai pas vraiment envie. Il n'y a là aucun intérêt. Alors bien sûr, on va reprendre quelques habitudes, les blagues et les souvenirs seront toujours là mais aujourd'hui, comme je vous disais, j'ai changé. J'ai mûri. Plus vraiment le même en étant toujours un peu le même. Je vois les relations d'un autre oeil désormais. A apprendre à se gérer seul, on apprend surtout à se détacher un peu plus des autres. Avant, j'étais du genre à vouloir du "tout-tout de suite". Dès que je rencontrais quelqu'un avec qui le feeling passait bien, ça ressemblait à du "Je te trouve trop sympa / Je veux te voir tous les jours / Je te confie tout / Donne moi ton amitié". En substance. Scénario effrayant. Et scénario inverse en cas de déception. Et là, des psychologues diraient que cela est en grande partie dû au fait qu'ayant été privé d'affection amoureuse pendant une grande partie de ma vie, je me suis concentré sur mes relations amicales, exprimant ainsi le manque, bla bla bla bla... Foncièrement, faut pas avoir fait 8 ans d'études en psychologie pour comprendre ça. Les québécois m'auraient donc appris à me détacher un peu plus? La notion d'amitié n'est pas proportionnelle au nombre de fois qu'on se voit. Et ne se dégrade pas au moindre conflit. Se détacher de ses amis pour mieux les apprécier? Moi qui critiquais les québécois jadis d'être autant independent, égoiste à vivre l'instant présent, n'auraient-ils pas finalement raison ? Je n'ai pas la réponse. Je sais en tout cas que je me réjouis de retrouver mes amis si je dois rentrer en France et que ce retour serait en fait plus comme un nouveau départ. Les mêmes protagonistes mais pas de la même façon.

Tout ça vaut aussi pour les relations amoureuses. A passer des années seul, on se met en tête de se trouver quelqu'un absolument. Ca en devient une obsession. Dès qu'on en rencontre une avec qui ca pourrait fonctionner, on s'imagine des tonnes de choses. Et on est le plus souvent déçu. Les habitudes se perdent bien évidemment quand on est en couple et reviennent subitement au premier jour de célibat, tel un herpès qu'on a pas vu venir. J'ai consacré 7 mois de mon visa à ça : quelle perte de temps et d'énergie surtout! Je n'ai recolté que des dents cassées, quelques pleurs, pas mal de remise en question et pour quoi? Des mecs que je ne reverrai probablement pas. Et il y a de ça 3 semaines à peu près, une goutte a fait déborder le vase. La sentence a été sans appel : je fais un trait sur ma vie sentimentale pour un moment. Plus de site de rencontre. Je me coupe de tout ce qui pourrait me faire rencontrer des mecs potentiels. La meilleure décision que j'ai prise de ma vie (après être venu au Canada). Parce que ce trait n'est finalement pas une rayure mais plutôt un changement d'optique. Tout comme pour les amis, il faut apprendre à se détacher des gens qu'on rencontre. Ne pas être focalisé. Je n'ai jamais passé de meilleures soirées depuis que je ne suis pas en train de zieuter à tous les coins de salle s'il n'y a pas quelqu'un de mignon, d'interessant.

"Tiens, le mec là il me regarde. Ca veut dire que je lui plais? Qu'est ce que je fais? Je vais faire semblant de me rapprocher pour danser à côté de lui et on va voir ce qui se passe... Ha zut il ne me regarde plus. Il me trouve moche. J'ai été bête de quoi que... ".

Rien que de repenser à ça, j'ai envie de me mettre une claque! Profiter de l'instant et laisser les choses venir. Les québécois savent le faire. Ne pas faire de plan sur la comète quand un mec danse avec vous et vous embrasse. Savourer l'instant, le fait qu'on plait. C'est tout. Et puis si vous êtes amené à revoir le mec en question, voir ce qui se passe sans se mettre martel en tête de conclure sur le champs. Peut-être que tout ce que j'écris dis vous parle. Ou non. Ce que je veux simplement vous dire c'est que ce voyage a probablement été la meilleure chose qui me soit arrivée. Il n'est pas encore terminé que j'en ressors déjà grandi. J'ai atteint mon but. "Pourquoi tu as décidé de venir au Canada?" - "J'avais besoin de changer de vie, de voir du monde et de grandir". Voilà ce que je répondais à cette question récurrente. Mission accomplie donc.

Finalement, refaire un bilan n'est pas forcément une mauvaise chose. Mon constat actuel n'est pas si mal. En revanche, l'ironie dans tout ça, c'est que j'ai signé un bail pour un appartement rue Beaudry, là où j'étais au tout début de mon aventure. Retour case départ. Une espèce de boucle bouclée. La vie et son drôle d'humour...

7.2.12

Jours 220 - 221.

Depuis 7 mois je ne vous parle que de Montréal. Montréal, Montréal, Montréal et un peu de New York. Alors pour un week-end, j'ai décidé de changer un peu d'air, direction la capitale du Québec : Québec. Pour plus de compréhension, on dira Québec City parce que "je vais aller à Québec au Québec", ca devient redondant, hein maman.

Vendredi, 1:00, veille du départ, la voiture de Jo nous lache. Elle a décidé que sa pompe à eau était trop encombrante alors elle l'a fait exploser. Pratique. Et après une très courte nuit, on arrive quand même à partir le samedi matin. Cinq dans une voiture, pendant 3 heures et moi qui dort pendant la moitié du trajet.

Arrivée à Québec City et première impression : c'est tout mignon. Il suffit de quelques pas en ville pour ressentir tout de suite les influences anglaises et françaises. Rue pavées, maisons anciennes. Les calèches en rajoutent aussi un peu. Le tout au bord du Saint-Laurent en partie gelé pour l'occasion.


La ville n'est pas très grande donc quelques heures suffisent pour en faire le tour tandis que la nuit tombe et rend la ville encore plus jolie.



Le week end ne s'arrête pas là et dimanche on décide de laisser la ville pour le plein air. Direction le village vacances Valcartier. Sorte de parc d'attractions ouvert toute l'année proposant des activités en fonction de la saison. Tandis qu'en été, c'est tuyaux et piscines à gogo, en hiver, le parc nous propose des descentes en bouées sur pistes enneigées. Autant vous dire qu'on devient vite fou. Regression totale. Toute la journée à descendre des pentes aux noms aussi équivoques que Himalaya ou Everest pour une bonne dose de sensations fortes. Le tout dans un décor plutôt impressionnant de nature.


Trois chutes, quelques bleus et un nombre indéfinissable de fois les genoux au sol, on rentre à Montréal, ravi de notre week-end, épuisés et en début de maladie. Et pendant ce temps-là, on se plaint en France de quelques flocons de neige. Non mais où va le monde?!