8.9.11

Jour 70.

- "Bonjour. J'aimerais savoir si à tout hasard, vous embauchiez du personnel?"
- "Oui. Asseyez-vous, je vais aller chercher la gérante."

5 minutes plus tard.

- "Bonjour. Jonathan."
- "Bonjour. Eleonor."

[...]

- "Quel est la chose sur laquelle tu vas devoir travailler ? Ton défaut ?
- "Hummm... J'ai envie de dire que je suis français. Et que donc j'ai un peu de mal parfois à comprendre le québécois. Mais bon, cela fait 10 minutes qu'on discute ensemble et j'ai tout compris!"
(Sourires).

[...]

- "Et tu as postulé ailleurs?"
- "Oui. Quelques CV et là je reviens d'un entretien chez Second Cup."
- "Ok. Bah arrête de chercher, c'est bon, je te prends. Mais je ne sais pas quand est-ce que tu commenceras. Je t’appellerais cette fin de semaine pour te donner le jour et l'horaire de ton training la semaine prochaine."

... Ou comment trouver un emploi en 20 minutes. Chez Juliette & Chocolat. Miam. C'est aussi Montréal.

Jour 69.

Quand on part vivre à l'étranger, il y a des étapes qu'on ne peut éviter. Obtenir son numéro de sécurité sociale. Ouvrir une ligne téléphone. Ouvrir un compte en banque. Et dans chaque cas, il faut s'adapter et comprendre les rouages et le fonctionnement.

Dans le cas du compte en banque, il faut dans un premier temps prendre rendez-vous. Oui c'est à peu près pareil dans tous les pays. Cette étape est encore plus simple quand votre colocataire travaille dans la dite banque. En fait, cette colocataire est la raison de votre inscription dans cette dite banque plutôt quand dans une autre. Bah oui, pourquoi s'embêter à chercher une banque quand à 3 mètres de sa chambre, on a une banquière à disposition.

Rendez-vous pris. 16h. On tâche quand même d'arriver à l'heure, voire un peu en avance. 15h58 c'est parfait. On est accueilli par une charmante demoiselle (elle est quand même merveilleuse cette colocataire...) qui nous indique de prendre l'ascenseur et d'attendre dans la salle d'attente du 2ème étage. Après 5 minutes d'attente, on rencontre enfin sa conseillère et on a la surprise de voir une demoiselle fraiche, dynamique et à 100 000 lieux du cliché du banquier aigri, barbu avec 30cm de bouée qui dépasse de tous les côtés. Et c'est là que la magie québécois opère. On se vouvoie pour le protocole mais on discute. La conseillère souhaite connaître son client. Le "quoi?", le "pourquoi?" et le "comment?". Ouvrir un compte en soi n'est pas des plus compliqués. Remplir des cases sur l'écran avec toutes les informations. Mais le côté humain est mis en avant. On se laisse même aller. On voit que le courant passe avec mademoiselle et on rigole. On écoute les anecdotes de cette dernière, on rit et on se dit dans notre tête "ce serait vraiment sympa de l'inviter boire un verre à l'appartement!". Mais ce ne serait pas très professionnel. Alors on se tait.

Au fil de la conversation, on pose des questions et on commence à cerner les différences entre le système bancaire français et canadien. Ici, en tant que nouvel arrivant, vous ne pourrez bénéficier d'une carte de crédit. Seule la carte de débit vous sera proposée. Comprenez "Mobicarte de la banque" soit pas d'argent = pas possible de l'utiliser. Plusieurs "forfaits" existent. Le premier, de base, vous accorde 15 transactions par mois (retrait, paiement, etc...). Au delà, la transaction coûte 0,65$CA. En tant qu'acheteur fréquent, heureusement que je ne paye pas de frais en utilisant ma carte française. Dieu merci. Cependant, je paye la conversion. On comprend donc mieux le système de "cash-back" qui vous permet de retirer de l'argent à la caisse quand vous faites vos courses. Vous augmentez la note et obtenez la différence en cash. En soit c'est pratique mais vous conviendrez que ce besoin de tout taxer devient vite un fléau. Les cartes de crédit, elles, fonctionnent sur un système particulier. Même si vous avez de l'argent sur votre compte, chaque transaction que vous effectuez avec votre carte de crédit correspond à de l'argent que la banque vous prête. A vous ensuite de régler dans un délai d'un mois vos transactions, sur internet par exemple. Imaginez qu'il existe un compte fictif qu'il vous faut remplir tous les mois du montant de la somme de vos dépenses. Vous rendez ainsi l'argent que la banque vous a prêté. Expliqué comme cela, ça peut paraître étrange et sorti d'un film futuriste mais en attendant un scénariste qui changement le script, on est bien obligé de faire avec et de s'adapter (magnifique métaphore, je suis assez fier).

Le grand avantage (enfin cela dépend de comment on le voit) de l'ouverture d'un compte au Canada, c'est qu'à la fin de votre entretien avec la conseillère, vous obtenez une carte de débit temporaire. Elle est passée dans la machine, vous avez choisi vous-même les chiffres de votre code PIN. Elle est fonctionnelle, jusqu'à l'obtention de votre carte définitive par courrier. En revanche, vous vous rendez compte que vous n'avez pas d'argent dessus et qu'il vous en coûtera 15$CA pour recevoir de l'argent étranger sur votre compte canadien. Je parlais d'un fléau, non?